No Money Kids – I Don’t Trust You

Après un premier EP prometteur en 2014, No Money Kids sort “I Don’t Trust You”, un premier album blues rock teinté d’électro. Au premier abord, les noms négatifs du groupe et de son disque ainsi que l’artwork sombre de la pochette n’augurent rien de bien joyeux. On s’attend même à ressortir de l’écoute avec un certain coup de blues. Mais c’est en réalité un tout autre blues qui nous électrise, un blues faisant honneur aux maîtres du genre, un blues qui respire l’authenticité tout en sachant se moderniser. Un véritable coup de maître !

Finalistes de l’édition 2013 “Paris Jeunes Talents”, présents au MaMA 2015, le duo parisien enchaîne les concerts depuis maintenant deux ans. La formation est récente. En 2012, No Money Kids naît avec Félix Kazablanca au chant et à la guitare et Jean Marc Pelatan comme bassiste-sampler-arrangeur. Les paroles sont engagées, les sujets sont les hommes et les femmes invisibles de notre société, ceux qui ont tout perdu et qu’on ne regarde plus. Ces sujets délicats trouvent alors un parfait écho dans un blues qui se veut brut et franc. On le ressent sincère et chargé d’émotions.

Ici, pas de copier-coller. No Money Kids a une identité propre et la revendique. Si l’excellente “Bullshit” rappelle des sonorités proches de celles de The Black Keys, on se délecte d’un twist final rock garage des plus fougueux. De son côté, “Rather Be The Devil” sonne plus stone-ien mais la patte du duo parisien est bel et bien présente. Avec son blues rugueux et ses grooves entêtants, No Moneys Kids nous prend aux tripes dès l’introducteur “Old Man” pour ne plus nous lâcher. Et “Man” et “Government” nous font dégringoler des montagnes russes d’émotions. Avec les sombres et sensuelles “Lips” et “I Don’t Trust You”, on se retrouve au comptoir d’un vieux bar brumeux façon speakeasy, un verre de bourbon dans une main, une cigarette dans l’autre. Dans un autre registre, la ballade blues électro “War” et l’énergique “Vagabond Train” nous projettent au volant d’une Ford Mustang, parcourant les routes du Sud des Etats-Unis en quête d’aventure.

La voix vibrante et rugueuse de Félix Kazablanca diffuse une énergie particulière et communicative pendant près d’une heure. Chaque morceau se révèle vibrant et puissant et les refrains restent en tête pour notre plus grand plaisir. “Garbage” vient conclure l’ensemble par un hommage au blues plus classique, nous laissant avec une fabuleuse saveur dans la bouche. La saveur de savoir que l’on peut d’ores et déjà compter cet opus de blues rock parmi les classiques du genre.

“I Don’t Trust You” est un pur bijou et No Money Kids une révélation. Nul doute que vous en entendrez parler. Attendus au tournant comme un énième groupe de blues rock, la formation sait tirer son épingle du jeu. Le combo se démarque par un blues sincère modernisé par des touches d’électro, par un rock garage poisseux et nostalgique et par des mélodies qui nous hantent. Comme l’a dit le célèbre bluesman Memphis Slim, “Le blues est dans l’air, le blues est partout”.