No Return – Inner Madness

Créé en 1989, le groupe No Return a-t-il encore besoin d’être présenté ? Après de multiples variations de line up et de labels, avec entre autres un passage chez Nuclear Blast qu’il est bon de rappeler, Al1 (guitare) est le seul survivant des débuts et tient toujours la barre. Il est rejoint en 2010 par L. Chuck D. au chant (Carnal Lust) ainsi que par deux ex-Korum. La réalisation de ce huitième opus “Inner Madness” a été confiée à Francis Caste du studio Sainte Marthe (Hangman’s Chair, The Arrs, Zuul FX,…), un bon présage !

Après quelques écoutes, force est de constater que la production est de très haut niveau, effectivement. La guitare est omniprésente et impeccable, le chant semble un peu en retrait mais cela correspond sans doute à un choix du groupe, pas de confirmation à ce niveau pour le moment. Malgré une réalisation qui apporte beaucoup de modernité, cet album reste accroché aux racines du groupe et au bon vieux thrash metal teinté parfois de heavy, parfois de death. Avec une ouverture très neo metal à travers le morceau “N.I.L. 2” avec une alternance chant clair/chant hardcore, le disque garde donc malgré tout un côté old school très appréciable. Le chant sera l’élément qui partagera certainement le plus. Pas assez percutant sur “Inquisitive Hegemony”, presque hors sujet et dépassé sur “Near Death Experiences”, il semble cependant trouver sa place sur d’autres compos telles que “Borderline” ou encore “Death Scars”, dernier titre de l’album. La juxtaposition de “Near Death Experiences” et l’instrumental “Morgane’s Song” fait même soudainement penser qu’un album purement instrumental sans successeur à Moreno Grosso aurait pu être un choix intéressant. Certains morceaux font tout de suite penser à de possibles hymnes de concert, tel que “Inquisitive Hegemony” qui, malgré un manque de puissance au chant, déroule de façon implacable des riffs rapides et entraînants ainsi qu’un solo de guitare faisant la part belle aux talents de shredding d’Al1. On a le même sentiment de compos taillées pour la scène avec  “Borderline” – un beau retour à une influence death fort plaisante, carrée, compacte, implacable – et “Death Scars” avec ses guitares harmonisées et un chant enfin puissant. Sans compter le Aka qui termine l’album, qui figurera on l’espère au futur set en live ! Malheureusement, dans le cas de “Inner Madness”, on retombe sur un titre qui pourrait se frotter à l’hymne metal avec des soli superbes mais les passages en chant clair n’emportent pas suffisamment. D’autres morceaux passent un peu plus inaperçus comme “Backdoor” qui se veut percutant mais s’essouffle sur les breaks néo-classiques parfois trop ronflants, ou encore comme “The Dead Inside” qui a du mal à décoller.

En conclusion, “Inner Madness” devrait ravir les fans mais souffre d’une direction pas assez marquée à la voix. Mention très spéciale pour l’instrumental “Morgane’s Song” qui démarre sur une guitare satrianesque pour poursuivre son parcours dans divers styles et assumer par moments une belle influence de Coroner.