Nothing But Thieves – Moral Panic

Trois ans après l’album “Broken Machine” (2017), Nothing But Thieves fait son grand comeback avec “Moral Panic”, un disque plus que jamais dans l’air du temps. Il aura fallu patienter sept mois depuis la sortie du premier extrait “Is Everybody Going Crazy?” pour le découvrir dans son intégralité. Alors, l’attente valait-elle le coup ?

Nothing But Thieves fait partie de ces groupes que l’on n’a plus vraiment besoin de présenter. Avec ses deux premiers albums largement salués par la critique, plusieurs EP, dont le dernier “What Did You Think When You Made Me This Way?” (2018) et ses nombreuses premières parties pour des géants tels que Muse et Arcade Fire, le quintette britannique a définitivement su se faire une place sur la scène rock alternatif. C’est donc un euphémisme de dire que ce nouvel album était attendu de pied ferme par les fans.

Il semblerait que la formation n’ait pas raté son retour. On retrouve dans “Moral Panic” ce qui a fait le succès de ses deux prédécesseurs, aussi bien au niveau du son que des particularités que l’on apprécie tant chez NBT. Riffs efficaces, puissance et singularité vocales si propres à Conor Mason, tout y est, pour notre plus grand plaisir !

Un disque sombre pour une période sombre

Et cela commence fort avec le son lourd et la frénésie de “Unperson”, qui donne d’emblée le ton de l’ensemble. “This is not what you think it is… it’s worse”, chante Conor Mason, comme pour faire écho à la situation à laquelle tout le monde doit faire face depuis plusieurs mois. Puis c’est avec “Is Everybody Going Crazy?” que le groupe enchaîne, un titre entraînant et résolument rock. Premier single issu de ce nouvel album, le morceau ne pouvait pas être plus en phase avec l’ambiance actuelle.

Sur “Real Love Song”, l’honnêteté et la simplicité des paroles nous envahissent instantanément. Conor Mason y chante avec vulnérabilité la réalité parfois douloureuse d’un amour non partagé et les effets sombres que cela peut entraîner. Pas question ici de vision romantique et idéalisée de l’amour. Une magnifique mélodie sublimée par la voix poignante du chanteur et son “it won’t go away” qui ressemble presque à un appel à l’aide désespéré mais si majestueux. “Impossible” se démarque en étant totalement à l’opposé du reste de l’ensemble. Alors que la plupart des morceaux de “Moral Panic” évoquent l’anxiété et la confusion face à ce qu’il se passe actuellement, cette chanson parle d’espoir et nous laisse entrevoir un champ illimité de possibilités. Une véritable parenthèse et un moment de soulagement plus que bienvenu à ce moment de l’écoute.

Panique dans l’album mais retour réussi

Comme elle aime le faire dans chacun de ses disques, la formation surprend avec des rythmes et des sonorités différents de ceux auxquels on peut s’attendre. On le remarque sur “Individual”, une chanson très énervée et sombre dans laquelle Conor Mason chante avec de plus en plus d’intensité au fur et à mesure que le morceau évolue ou sur “There Was Sun”, aux sonorités très pop. Et c’est une nouvelle fois un pari gagnant puisque l’on retrouve bien, malgré tout, la patte de NBT dans chaque titre.

On le sait maintenant, les cinq Anglais savent autant y faire avec les ballades qu’avec les compositions plus rock. Alors pourquoi changer les bonnes vieilles habitudes ? “Moral Panic” est là encore un parfait mélange entre des morceaux accrocheurs avec des riffs de guitare puissants et des pistes plus douces et posées. C’est notamment le cas de “Free If We Want It” qui calme un peu la nervosité et l’agitation ambiante de ce disque. “Before We Drift Away” peut aussi désormais s’ajouter aux célèbres airs mélodieux dont Nothing But Thieves a le secret et clôture en beauté l’ensemble grâce à une très belle orchestration pour accompagner le chant du frontman.

Avec des paroles et une atmosphère qui nous parlent à tous, “Moral Panic” est un album intense, percutant et abouti, s’inscrivant parfaitement dans le contexte actuel.