Nothing More – Spirits

Nothing More a pris le temps de digérer les tumultes des deux dernières pour sortir un septième album studio. Spirits affiche une volonté de combiner titres anthémiques tout en faisant passer des messages forts.

Du rock coup de poing

Nothing More excelle dans l’exercice du titre rock percutant, porté par une voix puissante et technique avec des refrains bien accrocheurs et une production de plus en plus léchée. L’entame de l’album se fait avec “Turn It Up Like (Stand In The Fire), une rengaine contre internet et son pouvoir de manipulation des masses, exacerbé pendant la pandémie. C’est toute la rage des Américains qui se déploie dans un titre survolté. Une seule écoute suffit pour s’approprier le refrain de “Tired Of Winning”. Morceau assez classique, qui accumule peut-être trop de sonorités électro et de fioritures pour prendre de l’ampleur.

Les Texans revendiquent des titres plus audacieux et des paroles presque philosophiques pour ce nouveau disque. Entre ambition et réalité, il y a parfois un écart. Le groupe semble en effet avoir une volonté sincère d’expérimenter. Il pousse très loin dans le heavy avec les gros riffs de “Don’t Look Back”, qui contrastent bien avec les parties plus soft et le final très posé. Une lourdeur, qui ferait du bien à d’autres titres. Le groupe est moins convaincant sur des titres comme “You Don’t Know What Love Means”. Entre lignes mélodiques sirupeuses et effets à foison, l’impact émotionnel du morceau est proche du zéro.

Une production ultra léchée

Nothing More travaille avec soin la volonté d’accompagner le message avec les effets. Sur “The Other F Word”, chaque détail, chaque petit plus apporte sa pièce à l’édifice pour un morceau puissant et entêtant. “Neverland” entraîne l’auditeur dans de nouvelles contrées. L’instrumentation minimaliste et un peu électro est agrémentée de quelques lignes mélodiques au chant. Au centre du morceau se trouve un discours, plutôt pessimiste sur le monde actuel. “Valhalla (Too Young To See)” interpelle dès les premiers passages en acoustique. La progression est bien rythmée. Parfois explosive, parfois plus contenue, la structure du titre amène une dose de rage sauvage bien sentie, mais qui peine à tenir la longueur du morceau.

Sur “Face It”, Johnny Hawkins dévoile toutes les facettes de sa personnalité à travers un éventail de voix assez bluffant. Capable d’aller chercher quelques passages de screamo ou s’envolant dans des aigus avec une douceur maîtrisée, le leader impressionne. En effet, si la formation a depuis ses débuts un côté théâtral sur scène ou sur disque, il arrive à mieux contenir ses idées pour trouver un équilibre audio plus digeste. Nothing More annonçait en juillet dernier, avoir sorti un test de personnalité créé par Hawkins. Composé de vingt-cinq questions, ce test présente huit types d’esprits (spirits) : Elemental, Constant, Exile, Cor, Force, Ballast, Fuse et Tru.

Nothing More livre un album où chaque morceau a été travaillé avec soin et produit pour mettre en avant des paroles à impacts, mais à trop vouloir en faire le groupe se perd un peu.