Nothing More – The Stories We Tell Ourselves

Injustement méconnu en France, Nothing More jouit pourtant d’une réputation très flatteuse outre-Atlantique. Son album éponyme sorti en 2014 avait posé les bases d’une formation solide à surveiller avec attention. C’est donc avec un intérêt tout particulier que la nouvelle offrande des Texans, “The Stories We Tell Ourselves”, s’écoute. Toujours emmené par le talentueux Jonny Hawkins au chant, les Américains accueillent Ben Anderson derrière les fûts pour la première fois en studio. Le reste du line up ne change pas et se compose de Mark Vollelunga à la guitare et de Daniel Oliver à la basse. Ce nouvel effort confirmera t-il tout les espoirs placés dans Nothing More ?

Les Texans ont toujours aimés apporter une dimension théâtrale à leurs compositions et ce n’est pas ce nouvel album qui va déroger à la règle. Plusieurs interludes musicales faites de samplers et de voix plongent l’auditeur dans une atmosphère particulière et empreint de mystères. Ces apartés, au nombre de six, permettent d’adhérer à l’ambiance si spécifique voulue par Nothing More et à donner une cohérence aux titres composant le tracklisting.

Plusieurs styles sont abordés et font de ce disque, une réalisation extrêmement riche. La lourdeur des riffs de guitare et la batterie survitaminée sur “The Great Divorce” lorgne sur le metal comme le plus agressif “Don’t Stop”. L’attrait pour le progressif se ressent également sur de nombreuses compositions. Les arrangements électroniques agrémentent bon nombre de morceaux et diversifient le propos (“Ripping Me Apart”). La performance vocale de Jonny Hawkins accentue cet impression de richesse. Le frontman jongle avec succès entre chant calme et hurlements remplis de rage et de sincérité.

L’écoute est très agréable mais un goût d’inachevé se dégage à l’issue des dix-huit pistes composant l’ensemble. Les Américains tombent parfois dans la facilité et peinent à proposer quelque chose de nouveau. Les refrains fédérateurs de “Do You Really Want It” ou encore “Still In Love” sentent trop le réchauffé pour convaincre réellement. “Go To War” et son introduction à capella reste dans la même veine et ne fonctionne qu’à moitié. En voulant jouer la carte de l’accessibilité, certaines chansons perdent en crédibilité, la faute à des structures trop classiques et prenant peu de risques. Choix regrettable quand on connaît l’inspiration de Jonny Hawkins pour donner vie à des réalisations remarquables.

“The Stories We Tell Ourselves” est un disque qui affirme tout le potentiel entrevu précédemment dans l’œuvre de Nothing More. Le seul regret notable se situe sur le choix des Texans à vouloir viser un public beaucoup plus large. En calibrant leurs compostions dans ce sens, l’ensemble perd de sa superbe. Pas de panique, ce reproche ne devrait pas empêcher les Américains de voir beaucoup plus grand à l’avenir.