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Orange Goblin – Science, Not Fiction

Six ans après son dernier album, Orange Goblin revient avec du nouveau son à l’arrière de sa machine bien huilée. Pile poil pour l’été, histoire de vérifier si ces vétérans du stoner ont leur part de responsabilité dans le réchauffement climatique.

London’s burning

The Wolf Bites Back (2018) a mis la barre haute dans la discographie du quatuor britannique, sans compter la sortie d’un album live célébrant avec brio vingt-cinq ans de carrière, Rough & Ready, Live & Loud (2020). Le groupe de la capitale du Royaume-Uni sait asseoir une réputation dans un style qu’il a aidé à populariser en Europe.

Après un changement de label et de bassiste, Science, Not Fiction est la dixième pierre apportée au large répertoire par le trio fondateur. Produit et mixé en Angleterre par Mike Exeter, ayant œuvré avec Black Sabbath et Judas Priest, le mastering est réalisé en Californie. Alors, quoi de nouveau sous le soleil ?

Hot fuzz

Harry Armstrong démarre sur les chapeaux de roues avec un riff de basse gras au possible. Très vite rejoint par les baguettes de Chris Turner et les coups de médiator de Joe Hoare, “The Fire At The Centre Of The Earth Is Mine” ne fait pas dans la dentelle. Le baryton Ben Ward enveloppe le tout d’une énergie qui ne faiblit pas depuis 1995. Chaque morceau, allant de trois à pratiquement sept minutes, nous donne une vision différente d’une même galaxie.

Et c’est là tout l’intérêt de ne pas avoir qu’une seule corde à son arc. Dans un esprit de générosité, les titres s’enchaînent avec ce qui ressemble le plus à du punk, “The Fury Of A Patient Man”, ou à des changements de tempos sublimes comme sur “False Hope Diet”. Une démonstration technique qui n’entame en rien l’apport mélodique. Bien au contraire. Et surtout, une maîtrise d’un genre qui sait se conjuguer sous beaucoup de déclinaisons.

Science is science

De retour en force à travers le prisme de la science-fiction, les talents de parolier de Ben Ward ont fini par s’affiner pour donner un propos plus ancré dans le présent. “Holy wars and genocide for fairy-tale beliefs. Give me all your money and I’ll give you some relief.” Difficile de ne voir qu’une référence à l’imagerie dystopique d’antan. Le cynisme n’en fait pas un groupe engagé, mais un peu moins dégagé. Là où certaines idéologies politiques gangrènent la scène du metal, Orange Goblin semble se positionner plus concrètement. Ce qui ne l’empêche pas de jouer avec les codes des théories du complot avec une touche d’autodérision. On a tout de même dit avec parcimonie l’utilisation de la cowbell ! N’est-ce pas “(Not) Rocket Science” ?

En tant que nouveau bûcheron à la quatre cordes, Harry Armstrong conserve les lignes teintées de groove de son prédécesseur Martin Millard tout en y apportant un soupçon de nervosité en plus. Le nouvel arrivant ayant pleinement collaboré à l’élaboration de ce disque, l’ouverture à un spectre sonore plus large n’est pas une coïncidence. Les riffs les plus enivrants flirtent avec la nostalgie, mais il faut savoir se laisser porter pour pouvoir les déceler. Car Science, Not Fiction prend vraiment de l’ampleur au fil des écoutes. Et c’est l’un des rares reproches pouvant être attribué à l’ensemble. Une approche forte, certes, mais parfois timide aux premiers abords.

Orange sulfurique

Même si la concurrence est rude avec Electric Wizard, également issus de Grande-Bretagne, Orange Goblin tient bon la route en continuant de distiller une multitude d’influences. La plus évidente étant Motörhead, il est bon d’observer des riffs dignes de Jimmy Page avec l’entraînant “Ascend The Negative” ou une ouverture au piano avec “Cemetery Rats” que The Damned n’aurait pas reniée. En un peu plus de quarante-cinq minutes, la bande de Ben Ward prend le temps de dresser le bilan sur trois décennies mouvementées. Le paysage musical ainsi que l’industrie ont bien changé, mais le groupe n’est pas resté sur le bas-côté. Son public non plus d’ailleurs.

Orange Goblin fait de nouveau preuve avec Science, Not Fiction d’une profonde compréhension du stoner. Un album puissant qui trouve naturellement sa place dans son univers. Bref, à écouter sans risque d’insolation. Du moment qu’on garde au frais un bac de glaçons.

Informations

Label : Peaceville Records
Date de sortie : 19/07/2024
Site web : www.orangegoblinofficial.com

Notre sélection

  • The Fire At The Centre Of The Earth Is Mine
  • False Hope Diet
  • Cemetary Rats

Note RUL

 3,5/5

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