Après plus de cinquante ans de carrière (rien que cela !), Ozzy Osbourne commence petit à petit à raccrocher les gants ces dernières années. Tout ce qu’il fait depuis quelques temps déjà annonce la fin : une (nouvelle) tournée d’adieu en 2018 (la première avait eu lieu en 1992, déjà !), un ultime album avec Black Sabbath, suivi d’une gigantesque dernière tournée du groupe funestement intitulée The End.
Même son dernier album en date, Ordinary Man, sorti en 2020, avait été décrit par la critique comme le chant du cygne du Madman. Un disque plein de mélancolie dans lequel Ozzy portait un regard sur toutes ses années de carrière et sa vie tourmentée, et envisageait surtout sa propre mortalité.
Ce serait pourtant mal connaître Ozzy que de penser qu’il puisse s’arrêter là. Il a d’ailleurs tout de suite prévenu son public après la sortie de Ordinary Man qu’il allait se remettre aussitôt au travail pour enregistrer l’album suivant. Nous voici donc deux ans plus tard, avec la sortie de son treizième album solo intitulé Patient Number 9.
Ordinary Man, Volume 2 : Le prince des Ténèbres contre-attaque
On pourrait facilement trouver que Patient Number 9 est juste un second volet de Ordinary Man tant les deux disques se ressemblent et se complètent à première vue. Comme pour son prédécesseur, ce nouvel album est produit par Andrew Watt et bénéficie d’une production dantesque qui en fait incontestablement LE “blockbuster metal” de 2022. Ozzy, avec une voix toujours impeccable malgré son âge, continue d’y explorer, avec beaucoup de fatalité et de second degré, les thèmes qu’il avait commencé à aborder dans Ordinary Man, sa mortalité et sa santé (mentale et physique) principalement.
Patient Number 9 est cependant beaucoup plus diversifié et bien plus “tubesque“. Là où Ordinary Man était composé quasi essentiellement de power ballads, on retrouve dans ce nouveau disque toute l’énergie débordante qu’on connaît à Ozzy et qu’il manquait à l’album précédent. Peut-être pas aussi intense émotionnellement donc, mais sans doute bien plus représentatif de ce qu’est Ozzy Osbourne, dans son énergie et sa modernité.
La ligue des guitar heroes extraordinaires
Les raisons derrière la grande diversité de ces nouvelles chansons se trouvent peut-être dans la liste impressionnante de guests que seul le Prince Of Darkness pouvait convier sur un même album. Jugez par vous-même : Tony Iommi, Zakk Wylde, Eric Clapton, Jeff Beck, Robert Trujilo, Chad Smith, ou le regretté Taylor Hawkins, pour n’en citer que quelques uns. C’est quand il s’entoure des meilleurs musiciens de la planète qu’Ozzy Osbourne est lui aussi le meilleur.
Ozzy retrouve donc Tony Iommi sur deux titres, “No Escape From Now” et “Degradation Rules”, pour un aperçu de ce qu’aurait pu produire Black Sabbath en 2022. Le premier est d’ailleurs la chanson la plus “sabbathienne” sortie par Ozzy depuis très longtemps, sombre et lourde, avec des effets vocaux qui rappellent “Planet Caravan” et une accélération du tempo en fin de morceau typique du quatuor de Birmingham.
Zakk Wylde est aussi de retour chez son parrain de metal et l’accompagne sur quatre morceaux, tous aussi efficace les uns que les autres, que ce soit la balllade “Mr Darkness” (qui peut rappeler certains succès du Madman comme “Mama I’m Coming Home” tout en y apportant une certaine fougue en plus), ou le plus sabbathien “Evil Shuffle”.
Et si ces deux collaborations peuvent sembler faciles tant elles sont connues (et aimées) par le public, les mélanges les plus inattendus sont aussi redoutablement efficaces. “One of Those Days” nous fait redécouvrir tout le talent d’Eric Clapton avec un son de guitare plus proche de ses années Cream que de sa carrière en solo, qui se marie parfaitement avec la complainte mélancolique d’Ozzy. Et que dire de la chanson titre, en featuring avec Jeff Beck, tube incontestable de l’ensemble, le genre de chanson qu’on a envie de rejouer aussitôt une fois terminée.
Mesdames et Messieurs, Ozzy Osbourne, c’était cela
Patient Number 9 est peut-être moins mélancolique que Ordinary Man dans la forme, mais le fond ressemble encore plus à une visite guidée dans la carrière riche du Prince Of Darkness, des mélodies doom sombre de Black Sabbath en passant par les tubes hard rock catchy des années 80/90, jusqu’à la modernité actuelle du Madman et la production soignée et les effets vocaux des albums contemporains.
Ozzy Osbourne n’est pas juste un grand chanteur de heavy metal, c’est une légende, une icône comme il n’en existe aucune autre dans le monde de la musique metal. On aimerait évidemment tous le croire quand il nous répète “I’ll never die ’cause I’m immortal” tout au long de “Immortal”, mais si cet album devait vraiment être le dernier disque du Madman, on aurait là un parfait au revoir. Mais Ozzy pourrait bien, encore une fois, nous surprendre !
Informations
Label : Sony Music/Epic
Date de sortie : 09/09/2022
Site web : www.ozzy.com
Notre sélection
- Patient Number 9 (feat. Jeff Beck)
- No Escape From Now (feat. Tony Iommi)
- One Of Those Days (feat. Eric Clapton)
Note RUL
4,5/5