Les Australiens de Parkway Drive continuent d’explorer de nouveaux territoires musicaux avec leur septième album studio Darker Still. Le groupe prend le parti d’oser dérouter ses fans de la première heure et semble affirmer une volonté de conquérir un public toujours plus large. Le pari sera-t-il gagnant ?
Sortie de zone de confort
L’évolution marquée par Ire (2015) et confirmée par Reverence (2018) prend une toute autre dimension avec Darker Still. Le chant clair du premier morceau du disque donne le ton. Le quintette s’est affranchi de la scène metalcore et semble tout se permettre. Le son de guitare et les riffs très mélodiques, véritables marques de fabrique de la formation permettent d’ancrer “Ground Zero” dans l’univers de Parkway Drive. Un titre formaté, et accrocheur, à la progression réconfortante. Même sentiment avec “Imperial Heretic” ou “Like Napalm”. Ce dernier est clairement conçu pour enflammer les foules et les scènes.
“Glitch” arrive aux limites de ce confort. Un peu trop générique, le morceau ressemble plus à une compilation d’autres morceaux qu’à un single. Le final assez explosif vient relever le tout, mais le titre est plutôt un bon argument pour pousser le groupe à oser faire autre chose. Et côté expérimentation, Parkway Drive s’est lâché. Winston McCall joue sur tous les registres avec sa voix. Son interprétation très Nick Cave sur “If A God Can Bleed” sur une instrumentation minimaliste a de quoi surprendre. La mélodie devient vite entêtante. Les effets sonores complémentaires empruntent à des univers électro et rap. Le résultat devient vite addictif grâce à un équilibre bien trouvé.
L’art de la composition
L’atmosphère très noire, qui suggère la traversée d’épreuves douloureuses, constitue le fil rouge de cet album. L’outro “Stranger”, malaisante à souhait, en est le parfait exemple, avec un dérangeant discours de solitude. Mêmes les paroles parfois trop cliché ne peuvent cacher le sentiment obscur qui émane de chaque morceau. Une impression renforcée par les qualités indéniables de composition et l’attention au détail. Sur “Land Of The Lost” ce sont les attributs indus, qui assombrissent le morceau. Le quatuor ajoute quelques touches d’indus, une forme d’urgence dans certains riffs, une ligne de guitare hypnotique et un refrain toujours aussi punchy.
“Soul Bleach” balance un gros son, sans concession, qui apporte encore plus de contraste dans cet ensemble. Mais quelques fioritures, héritées de la grande époque neo metal agrémentent le titre. Le groupe semblait souvent chercher la formule facile d’accès, pour plaire au plus grand nombre. A l’image de “Vice Grip”, titre très formaté, qui peut paraître superficiel autant qu’il peut séduire. Ici, Parkway Drive se dévoile un peu plus pour aller chercher de la profondeur dans certains de ses textes. “The Greatest Fear” sonne comme un morceau un peu fade à ses débuts, puis les chœurs, le bridge amènent un petit plus inédit. Parkway Drive démontre tout son art de la composition à travers un soin du détail toujours juste et modéré.
50 shades darker
“From The Heart Of The Darkness”, séduit par son riff heavy à souhait sur lequel se greffe quelques cafardeuse symphoniques. L’utilisation du “je” dans les paroles traduit le récit d’un évènement personnel. Le chant de Winston incarne le désespoir, la résignation et la colère. Le premier solo de guitare apporte un peu de légèreté avant que l’ambiance ne retombe dans les ténèbres. La construction très théâtrale met en œuvre des formes de chœurs, des effets de vents, des passages symphoniques, etc. La grandiloquence de Parkway Drive, qui produit des shows de plus en plus grandioses, se retrouve dans cette pépite.
Conçu pour devenir le point d’orgue de cet album, “Darker Still” se démarque dés les premiers sifflements. Si le chant clair peine à convaincre pleinement dans le premier couplet, la composition musicale est éblouissante. Une approche acoustique, magnifiée par une sobriété maîtrisée et un son parfaitement maîtrisé. Une fois le chant clair apprivoisé, l’émotion toute particulière qui se dégage devient addictive. Le solo de guitare à la Slash s’intègre étonnamment bien. Plus le morceau avance et plus l’auditeur est embarqué dans un voyage poétique au cœur de la noirceur.
Darker Still est une invitation à traverser les ténèbres au cours d’un voyage aussi tourmenté que varié, porté par de brillantes compositions, orchestrées de mains de maître.
Informations
Label : Epitaph Records
Date de sortie : 09/09/2022
Site web : parkwaydriverock.com
Notre sélection
- From The Heart Of The Darkness
- Darker Still
- Soul Bleach
Note RUL
4,5/5
Ecouter l’album
2 commentaires
Comments are closed.
Belle chronique.
Vu à Bruxelles ce lundi en concert. Quelle claque !
Ps : Vous avez glissé “quatuor” dans le texte alors qu’ils sont 5 😉
Pour ma part, groupe découvert ce weekend au Graspop Metal Meeting..
J’étais passé à côté jusqu’ici !
On peut dire que j’ai pris un bon “direct punch” lors de leur set sur la scène principale en début de soirée du vendredi !
Ces mecs ont à la fois le sens du riff qui déboite et le sens de la mélodie imparable…
Comme ils sont partis, leur avenir metal s’annonce des plus radieux !
Chapeau bas les gars !