Chroniques

Pendentif – Mafia Douce

L’univers de la pop française se divise en deux catégories : ceux qui utilisent la langue de Shakespeare et ceux qui utilisent la langue de Molière. On vous laisse deviner dans quelle catégorie se situe Pendentif, découvert en 2011 avec leur titre “God Save La France”, assemblage étrange entre Sébastien Tellier et Étienne Daho. Depuis, la douceur féminine s’est emparée du groupe avec la voix suave de Cindy Callede. En avant-goût, ils livrent au printemps dernier le morceau “Embrasse Moi”, la critique ne tarit pas d’éloges. S’amusant à faire le grand écart entre le yéyé et Foals, Pendentif jouit d’un Antoine Gaillet (M83, Herman Dune…) impeccable aux manettes de “Mafia Douce”, un premier album qui donne envie de continuer l’été encore quelques jours.

Avec la rythmique d’un Yannis Philippakis, et la désinvolture de Lio, “Riviera” (tiré du premier EP) jette l’auditeur dans l’océan gai et coloré de Pendentif. Les synthés aux teintes asiatiques de “Embrasse Moi”, proches de Phoenix, viennent se mêler à la voix langoureuse de Cindy. Tirant vers la coldwave 80’s de Lescop emportée par ses vagues vaporeuses propres au groupe bordelais, “Ondine”, à l’instar d’un Sébastien Tellier période bleue ou encore “Boulevard Du Crépuscule” avec ses élans de Belle & Sebastian, envoie des décharges musicales arrivant directement dans les jambes pour vous faire trémousser. D’autres encore tentent de mêler Arcade Fire et France Gall ou encore Françoise Hardy, Best Coast et Tennis. C’est le cas du sulfureux “La Mafia Douce” ou du mélancolique “Panache”. La formation joue la carte de la prudence en parsemant ici et là les morceaux qui l’ont fait découvrir, l’aérien “Jerricane” et les nébuleux “God Save La France” et “Pendentif”. Cette pop flotte dans les eaux sinueuses de The Field Mice, Blue Boy avec ce je ne sais quoi de Polnareff. “La Nuit Dernière” sonne la fin du voyage, dans une ambiance aux allures funky. L’influence coldwave appuyée par des pointes d’électro pop viendra à la rescousse de ce titre pour en faire le plus brillant de l’album.

La nonchalance de Pendentif, rappelant Toro Y Moi ou encore Frank Ocean, risque peut-être d’agacer, mais le quintette réussi le pari, et non sans mal, de marier idéalement ses influences anglo-saxonnes à son héritage hexagonal. Souvent entrainant, parfois mélancolique, “Mafia Douce” est un opus intéressant à ranger entre Lescop et Granville. La particularité de Pendentif réside dans ce que certains prendront pour un défaut : ses vagues successives de mollesse réveillées par la rythmique claire de Benoit Lambin. Il ne reste plus qu’à voir ce vaut les jeunes bordelais sur scène.

Informations

Label : Discograph
Date de sortie : 23/09/2013
Site web : www.pendentifmusic.com

Notre sélection

  • La Nuit Dernière
  • Panache
  • Ondine

Note RUL

2.5/5