Il est loin le temps où Phoenix écumait les petites salles et les premières parties de Air. Avec “Wolfgang Amadeus Phoenix”, le quatrième album salué par la critique, les versaillais sont devenus un groupe de référence en ce qui concerne la French Touch aux sonorités mêlant rock, pop, électro, funk, hip hop ou encore classique. La reconnaissance va de la critique au public, des Victoires De La Musique aux Grammys, ils sont même devenus l’une des formations les plus attendues au festival Coachella de 2013. Pour l’occasion, ils en ont profité pour se faire un mash up live avec R.Kelly, entre”1901″ et “Ignition”. Le buzz est présent et l’attente à son comble, c’est dans ce climat plus que profitable que sort “Bankrupt!”, leur cinquième album. Réalisé à Paris en 2012, il a été mixé par Philippe Zdar de Cassius, qui avait déjà travaillé sur “United” (2000) et “Wolfgang Amadeus Phoenix” (2009). Bien évidemment, il est excellent.
L’opus démarre avec “Entertainment”, dans la lignée de “Lisztomania” et “1901”. Avec un aspect “China Girl”, l’alternance entre guitares vintages et synthés glacés fonctionne encore une fois à la perfection. La batterie lance l’assaut des chœurs, englobés dans une superproduction qui dessert admirablement Phoenix. “Trying To Be Cool”, un peu plus loin sur le disque, sera du même acabit, quelques performances électronique en plus. Moins impulsif est plus travaillé, “The Real Thing”, fait la part belle à une pop méticuleuse et intimiste où synthétiseur rime avec variations sonores permanentes. “SOS In Bel Air”, relance la funk attitude explosive de Deck D’Arcy. Un titre énergique et rythmé, qui aurait pu se retrouver sur le précédent effort. C’est à cet instant que l’éponyme “Bankrupt!” fait son entrée. Morceau tentaculaire où la douceur et le minimalisme n’ont d’égals que l’attraction cotonneuse et la haute technicité d’un combo au zénith de sa gloire. La fraicheur et le phrasé de Thomas Mars, qui n’a jamais aussi bien maîtrisé l’art de faire swinguer les mots et valser leur sens, prendront tous leurs sens avec “Drakkar Noir”, “Chloroform” ou encore “Bourgeois”, les innombrables ruptures de rythmes et autres breaks qui laissent planer un faux air d’accalmie juste avant les refrains ravageurs. Les sonorités 80’s ont toujours leur place chez Phoenix, “Don’t” offre une pop chic et léchée aux envolées capiteuses et douces. L’opus se termine sur “Oblique City”, avec comme d’habitude une intro en complète fracture avec le reste. Lancement froid et triste avant l’explosion des guitares amorcées par la voix mélodieuse de Thomas Mars avant de se terminer dans une apothéose de claviers et de guitares.
Encore une fois, Phoenix s’est montré à la hauteur des espérances et porte désormais le lourd fardeau de représenter la “Pop French Touch” dans les quatre coins du monde. “Bankrupt!” prouve encore une fois le talent qui se cache dans ce quatuor versaillais. De plus, ils ont un sens de la symétrie imparable, terminant l’opus avec entrain, une chanson au beat accéléré totalement maitrisée. L’unique défaut de cet essai réside dans l’absence de risque prise par Phoenix. Dans leur terrain conquis depuis “Wolfgang Amadeus Phoenix”, Phoenix prouve une nouvelle fois qu’ils sont les seigneurs, sans s’aventurer dans de nouvelles contrées inexplorées.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 22/04/2013
Site web : www.wearephoenix.com
Notre sélection
- Bankrupt!
- Trying To Be Cool
- Oblique City
Note RUL
4/5