Pink Floyd – The Endless River

Vingt ans après “The Division Bell” sorti en 1994, les maîtres britanniques incontestés de la musique expérimentale nous offrent “The Endless River” dans un registre hypnotique. Clin d’œil évident aux albums “Wish You Were Here” (1975) et “The Wall” (1979), c’est avant tout un hommage à Richard Wright, claviériste du groupe disparu en 2008 des suites d’un cancer. Animé par la nostalgie, cet essai penche cette fois-ci vers l’instrumental. Rien de nouveau pour cet ensemble qui livre des plages enregistrées en 1993-1994, retravaillées en 2013. Il est évident que les fans n’auront qu’à fermer les yeux et se laisser transporter. Pink Floyd, ici, esquisse admirablement le symbole de la liberté.

Le leader du groupe, David Gilmour, et son acolyte et batteur, Nick Mason, ouvrent le bal avec “Things Left Unsaid”, un univers où les portes de la perception laissent entrevoir un voyage semé de couleurs planantes, d’odeurs acidulées, une ambiance où les instruments ne demandent qu’à être branchés. C’est avec brio que la formation nous ballade sur une rivière inconnue avec le titre “It’s What We Do”, planète onirique où Nick Mason nous amène cette mélodie d’éveil. Serait-ce une berceuse rock instrumental ? Progression en douceur avec “Skins”, morceau organique qui réveille les sens de l’esprit, un rythme habilement maîtrisé par ses compères. Une envie subite d’énergie, une soif d’aventures et d’odeurs d’essence en plein désert, c’est dans “Allons-Y” que l’on trouvera ce combo. Ce disque, aux côtés planants, euphorisants et hypnotiques, laisse ses instruments s’apprivoiser. C’est aux tripes que la guitare de David Gilmour s’adresse en interprétant “Talkin’ Hawkin'”, à la fois un mélange de rythm n’blues et rock lourd, le tout mis en scène dans une ambiance moite. “Louder Than Words” laisse enfin échapper la voix de David Gilmour, cette voix poudrée et suave qui a su être discrète sur la majeure partie de l’album. La consigne première pour “Autumn ’68” est de lâcher les filets et se laisser embarquer pour une nouvelle aventure signée Pink Floyd.

Pari gagné pour cet album du XXIème siècle. Impossible d’ignorer la patte Pink Floyd, sans oublier la pochette de l’effort réalisée par Ahmed Emad Edin, un artiste égyptien de dix-huit ans. Ce mariage constitue une harmonie et un accord parfait. En clair, une énergie solaire maîtrisée avec génie.