Chroniques

Placebo – Loud Like Love

Après le départ du batteur Steve Hewitt, l’arrivée de la nouvelle recrue Steve Forrest en 2008, un sixième album, “Battle For The Sun” (2009), marquant un tournant considérable dans la carrière du groupe, des tournées dans le monde entier, le DVD live “We Come In Pieces” (2011) et un EP intitulé “B3” (2012), Placebo nous revient avec sa nouvelle pièce, “Loud Like Love”. Décrit par les trois musiciens comme “une série d’histoires d’amour qui n’ont pas fonctionné”, retour sur un album se positionnant entre un subtil retour aux sources et une nouvelle approche plus recherchée. Si vous n’avez pas suivi la carrière de Placebo et que vous vous êtes arrêtés à “Meds” (2006), il est certain que l’évolution de la formation vous déstabilisera quelque peu. Mais pour les amateurs du genre qui en connaissent un rayon sur le trio, “Loud Like Love” ne sera que la continuité logique de ce nouveau Placebo plus posé, plus mature et beaucoup moins noir qu’auparavant, l’arrivée de la nouvelle recrue Steve Forrest derrière les fûts y étant pour beaucoup. De ce fait, deux solutions s’offrent à vous : vous adorerez cet album, ou vous le détesterez. Libre à votre sensibilité musicale d’en décider.

Le disque débute et c’est parti pour le rock avec l’éponyme “Loud Like Love”. Un titre très catchy, déjà dévoilé avant la sortie de l’opus, vantant les mérites de l’amour utopique dans ses paroles. La vague dynamique et enjouée poursuit son chemin pour tomber, plus loin, sur le premier single officiel “Too Many Friends”, dans lequel on y retrouve le Placebo aux paroles parfois difficiles à cerner : “My computer thinks I’m gay”. Quelle manière étrange de débuter une chanson n’est-ce pas ? Une chanson qui, d’ailleurs, traîte de la technologie et de la solitude qu’elle provoque (“But I got a reason to declaim/the applications are to blame/for all my sorrow and my pain/a feeling so alone”) (“When all the people do all day is staring to a phone”). Un titre efficace et moderne donc, qui aborde un sujet autre que ceux habituellement choisis par le groupe. Attention, mesdames et messieurs, la piste suivante risque d’arracher quelques larmes aux plus robustes. En effet, il est l’heure pour “Hold On To Me” de faire son entrée dans la cour des grands titres de Placebo. Une ballade poignante, un véritable chef d’œuvre qui prend aux tripes grâce à la plume romantique de Molko qui est bel et bien reconnaissable et toujours aussi efficace, le frontman troquant son chant particulier en milieu de morceau pour réciter des paroles sous fond de discours philosophique. “Loud Like Love” continue de tourner, mais si vous pensiez en avoir fini avec les mélodies émouvantes, voilà une nouvelle petite surprise, intitulée “A Million Little Pieces”. Un titre au goût de rupture sentimentale, avec un refrain à vous retourner le cœur. Des morceaux plus électro tels que “Exit Wounds” ou emprunts d’un rock plus brut comme “Purify” défilent et l’on arrive à “Begin The End”, qui débute avec des notes de guitare très agréables, rattrapées rapidement par la voix d’un Brian Molko qui semble ne pas avoir vieilli et être resté cet adolescent fragile, blessé et un peu rebel sur les bords. Malgré une maturité logiquement acquise avec les années, la sensibilité du chanteur n’a pas changé. Une chanson sentimentalement sombre et défaitiste, s’unissant parfaitement à une phrase prononcée par Molko il y a quelques temps : “J’ai toujours ce défaut d’imaginer la fin d’une relation avant même qu’elle commence.” Allez, encore un dernier titre et vous pourrez reprendre vos esprits, mais en attendant, reprenez vos mouchoirs car “Bosco” arrive, en laissant le sentiment que la dernière chanson a pointé le bout de son nez trop rapidement… Les notes de piano (décidemment très présent dans ce nouvel opus) sonnent et la mélodie de ce qui sera certainement un des titres les plus personnels que Molko ait jamais composé prend son envol au refrain, dont les paroles ressortent comme un véritable remerciement et acte de gratitude de la part de l’ancien nancy boy envers une personne dont l’identité reste anonyme pour le public, à la manière des chansons éponymes “Without You I’m Nothing” ou encore “Sleeping With Ghosts”, désormais cultes pour la fidèle fanbase du groupe britannique. Pas moins de six minutes plus tard, le morceau se termine sur quelques frappes de batterie de Mr Forrest qui aura la tâche de clôturer l’effort.

La jeunesse de “Placebo” (1996), le romantisme de “Without You I’m Nothing” (1998), la pop androgyne de “Black Market Music” (2000), la mélancolie de “Sleeping With Ghosts” (2003), la douleur de “Meds”, la fraîcheur de “Battle For The Sun” et la modernité de “B3”. Tout y est. C’est alors un pur concentré de Placebo qui nous est offert, les anglais étant toujours capables d’installer leur auditoire dans un univers qui le transcende en mille fragments pour mieux le transporter dans une autre dimension. Avec une approche différente de certains thèmes lyriques et esthétiques (cf : clip de “Too Many Friends”) mais également de nouveaux concepts (“Loud Like Love TV”), la formation présente une marque d’évolution évidente tout en restant fidèle à des sonorités qui ont fait son succès. Les années passent et Placebo semble rajeunir de plus en plus !

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 16/09/2013
Site web : www.placeboworld.co.uk/?

Notre sélection

  • Too Many Friends
  • Hold On To Me
  • A Million Little Pieces

Note RUL

4.5/5

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