Ca, c’est Poppy. Poppy est blonde, Poppy parle à des plants de basilic et nous demande de supprimer nos comptes Facebook. Poppy sort en ce début d’année son troisième album studio “I Disagree” et offre sa version du kawaii metal.
Vous ne connaissez pas Poppy ? Préparez-vous à vivre un (mauvais) rêve éveillé sous LSD. Chanteuse, danseuse, YouTubeuse, vidéaste : Poppy a des millions de vues YouTube à son actif. Et ce, grâce à des vidéos toutes plus étranges les unes que les autres. Son nouveau disque plonge son auditoire dans un univers artistique inédit dont il ne sortira pas indemne.
Le concept Poppy
“Poppy is an object”. Comme il l’est clairement chanté dans sa chanson pop “My Style” en 2017, Poppy n’a d’humain que l’apparence physique. Une jeune fille blonde à la voix douce et monocorde, presque robotique, qui dégage une aura inquiétante autour d’elle.
Peu importe l’identité réelle de Poppy puisque qu’elle n’est pas de ce monde. Ses vidéos sans queue ni tête dérangent. La jeune femme, au look très girly, y explique par exemple qu’une rose a des épines qui piquent, sur fond musical oppressant, toujours dans un univers pastel. Ah, et Poppy est connectée à Dieu aussi.
Le second degré comme arme
Une fois passé le choc de la découverte du travail de Poppy et de Titanic Sinclair – son producteur/ (faux) frère -, il est temps de prendre un peu de hauteur sur leurs dizaines de vidéos toutes plus loufoques les unes que les autres.
Porté à son paroxysme, le second degré fait surgir des œuvres vidéos et musicales de Poppy une critique à la fois absurde et acerbe de notre mode de vie. Réseaux sociaux, vacuité de notre existence, société de consommation : tout y passe. Poppy reprend les codes de ce qu’elle dénonce et offre une vision kaléidoscopique kawaii extrêmement flippante de notre monde actuel.
Une nouvelle dimension au metal
Le décor est planté, passons maintenant aux choses sérieuses. Fini les barrettes en formes d’animaux et les robes pastel col claudine, Poppy fait maintenant du metal. Enfin presque.
Sorti le 10 janvier 2020, son troisième album studio “I Disagree” est sombre et piquant, comme l’annonce la pochette du disque. Totalement en opposition avec son univers visuel d’origine et les paroles majoritairement sucrées de ses précédents projets, Poppy passe du côté obscur de la force et déconcerte, dès la première minute de l’ensemble.
“Concrete”, le premier titre, est un savant mélange de riffs metalleux puissants et d’intermèdes kawaii pop. La douce Poppy chante d’une voix juvénile des paroles macabres sans transition : “I tried to eat ice cream / I tried to drink tea / But I need that taste / Of young blood in my teeth”. Une écoute qui donne l’impression de boire un milkshake acide à la saveur indéterminée.
La surprise reste totale avec le second morceau éponyme “I Disagree”. La recette est la même mais désarçonne toujours autant : une Poppy pyromane vêtue d’un collier à pics et accompagnée par son groupe de metal versus, en intermède, une Poppy surnaturelle sortie tout droit d’un manga shojo.
Déboussolés
L’écoute de cet album est extrêmement déroutante. Chaque morceau amène son lot de surprises stylistiques. Même si les titres sont majoritairement construits de la même manière, à base de sonorités metalleuses et d’intermèdes pop, l’étonnement est constamment présent.
Avec “Fill The Crown“, les sonorités électro pop du début de morceau glissent savamment vers le metal. La production de “Sit / Stay” est d’autant plus intéressante qu’elle mêle toujours metal, pop mais également dance électro. Aucun repère n’est autorisé dans ce tourbillon des genres. Constamment sur le qui-vive et en attente du twist déconcertant à tout moment, la surprise est alors totale. Notamment sur des morceaux comme “Sick Of The Sun” ou “Nothing I Need” qui ne réservent aucune surprise. Ces derniers se contentent de la douceur de la voix de la chanteuse.
En outro, “Don’t Go Outside” illustre parfaitement toute la composition de ce “I Disagree” : une voix douce, des paroles schizophréniques tantôt faussement naïve tantôt macabres, et un retournement de situation musical permanent. Comme un hymne à mille versions possibles, Poppy y reprend partiellement les paroles de “I Disagree” et “Fill The Crown” sur des chœurs quasi-célestes scandant “You can be anyone you want to be”.
Avec ce nouvel album, Poppy mélange les genres visuels et sonores avec absurdité et brio, bousculant tous nos repères pour mieux nous perdre. Le monde n’est pas prêt pour la révolution musicale de “I Disagree”.
Informations
Label : Sumerian Records
Date de sortie : 10/01/2020
Site web : www.impoppy.com
Notre sélection
- Fill The Crown
- I Disagree
- Sit / Stay
Note RUL
3,5/5