L’histoire du rock compte quelques retours inespérés d’artistes majeurs, dont fait désormais partie celui de Porcupine Tree en 2022. Trente-cinq ans après sa fondation par Steven Wilson, onze albums studio, la carrière du groupe peut se résumer en une longue série de chiffres clés. Closure/Continuation n’est pourtant pas un numéro parmi les autres dans la discographie des Anglais. Treize ans après The Incident (2009), Porcupine Tree fait peau neuve avec un line up resserré autour de Steven Wilson, Gavin Harrison et Richard Barbieri. Les trois musiciens ont été particulièrement accaparés par leurs projets personnels respectifs depuis 2010. Entre autres, on compte cinq disques solo pour Wilson, tournées avec King Crimson et The Pineapple Thief pour Harrison, plusieurs projets solo et collaboratifs pour Barbieri.
Pour autant, ils n’ont pas complètement mis de côté Porcupine Tree, travaillant par séquence sur de nouvelles idées. Définitivement accéléré par la crise du COVID, le processus de création et d’enregistrement entamé tout au long de la décennie passée a pu aboutir à la compilation de dix titres qui laissent entendre un groupe toujours aussi solide et inspiré.
Passé/Présent
Rock progressif, psychédélique ou atmosphérique, heavy metal, ambiant. Aussi variées soient-elles, les étiquettes n’ont jamais manqué pour décrire la musique des Britanniques. Elles témoignent de l’univers complexe, tant sonore et thématique que visuel, que s’est forgé la formation au fil des années. Loin de se défaire de leur propre héritage et parfaitement à leur aise, les musiciens ont préservé dans Closure/Continuation les marqueurs de leur identité musicale en y glissant une vigueur bienvenue. A ce titre, “Harridan” pose les fondations du Porcupine Tree version 2022. A la fois classique et novateur, il inaugure l’album d’une manière frappante, entre rythme haletant, alternance de passages heavy et semi-acoustiques, et grandes envolées instrumentales.
Un album porté par son dynamisme
Le trio fait à nouveau preuve d’une grande maîtrise de l’art de la composition et des arrangements. Ensemble cohérent, le disque bénéficie en ce sens d’un travail précis et épuré sur les sonorités, faisant ressortir brillamment chaque instrument malgré la densité des morceaux. Diverses ambiances cohabitent les unes avec les autres dans une fluidité qui ne s’essouffle jamais. Il y a du rapide et de l’incisif avec “Rats Return” avec son riff principal malsain et marquant. L’énergie de l’instrumental “Population Three” rappelle de son côté les grands moments de Fear Of A Blank Planet (2007). Morceau énigmatique, “Walk The Plank” se distingue par son groove bizarre et obsédant, soutenu par le duo rigoureusement en phase composé d’un Steven Wilson bassiste et de la frappe chirurgicale de Gavin Harrison.
Navigant en terrain déjà connu, “Dignity” s’impose comme l’un des piliers du disque. Les parties vocales de Wilson qui n’ont jamais été aussi expressives, les arrangements subtils et indispensables de Barbieri et le final épique en font une longue et intense balade aux sonorités très années 1970. Autre voyage sonore de près de dix minutes, “Chimera’s Wreck” s’écoute comme une belle synthèse de ce dont est capable le groupe aujourd’hui, au fil d’une structure toute en montée en puissance tendue tant dans l’instrumentation que dans l’ambiance. A l’écoute de l’ensemble, il importe finalement peu que Closure/Continuation serait le dernier album de Porcupine Tree ou non. Reprenant les choses là où ils les ont laissées en 2009 tout en y apportant un dynamisme nouveau, ses auteurs ont signé une œuvre remarquable de consistance.
Informations
Label : Sony Music
Date de sortie : 24/06/2022
Site web : porcupinetree.com
Notre sélection
- Dignity
- Walk The Plank
- Chimera’s Wreck
Note RUL
4,5/5