Portugal. The Man, contrairement à ce que laisse entendre son nom, est un groupe de rock provenant de l’Oregon, et le public français n’a failli jamais les connaitre. Les six premiers albums du groupe, mêlant rock expérimental et arrangements psychédéliques, n’ont pas dépassé l’Atlantique, la faute aux labels trop feignants pour l’exporter. Cela aurait été dommage de passer à coté de ces visions euphoriques surplombées de guitares et piano colorés, à l’instar de leur premier opus à avoir atterri en Europe, “In The Mountain In The Cloud”. Et c’est avec une certaine attente que s’offre aujourd’hui leur dernier bébé “Evil Friends” produit par Danger Mouse, producteur et co-auteur pour Gorillaz, The Black Keys, Norah Jones, Electric Guest ou encore U2.
Nettement plus noir et percutant que leur précédent opus, “Plastic Soldiers” annonce la couleur extrêmement froide du disque. Synthé clair et strident, accompagné d’une guitare sèche et, c’est là que la collaboration avec Danger Mouse se fait sentir, suivi d’une rupture de rythmique et de style, plus pop électro. “Creep In A T-Shirt” amène des conversations entre Houston et les étoiles les plus lointaines et ce son synthétique reviendra hanter l’intégralité de l’effort. L’éponyme “Evil Friends” lance une guerre entre références religieuses, sous fond de garage rock, aux riffs sulfureux et à l’énergie proche de Cage The Elephant. En parfaite opposition dans le texte et dans la musique, “Modern Jesus”, arpège de guitares délicates, chœurs enchanteurs et clavier similaire à une Game Boy se mêlent dans une atmosphère aérienne proche de Edward Sharpe And The Magnetic Zeros. “Atomic Man” prend le meilleur du plus brut de Portugal, pêchu et attractif, les riffs empruntés au classic rock, lancent une métaphore sur la séparation. “Sea Of Air” tendra vers la ballade folk avec cet aspect orchestral de The Flaming Lips. “Waves” continuera cette accalmie avec des pickings lancés tels des reflux d’écume, plus tard, les percussions claires contrasteront avec la voix de Gourley qui, amènera la tempête avec lui. “Holy Roller (Hallelujah)” tentera une guitare blues associée à des envolées trip hop, et ce avec le plus grand succès. “Purple Yellow Red And Blue”, se penchera sur le neo psychedelia d’MGMT pour lui mettre une volée, à la fois symphonique et rythmique. “Smile”, telle un rappel de “Plastic Soldiers” viendra conclure l’opus dans une fausse accalmie, illustrant bien la tonalité sombre des clés utilisées tout au long de l’album.
Portugal. The Man, ok, le nom n’est pas fou, mais la musique déménage ! Pour les fans, ils retrouveront dans “Hip Hop Kids” des redites de “In The Mountain In The Cloud”, mais qu’importe, le travail de Danger Mouse est impeccable. Il arrive à sortir le meilleur de ce groupe, tout en ouvrant la perspective de nouvelles influences. Peut-être que la redondance depuis le second essai de textes, en rapport avec les religions, finira par lasser, mais au niveau technique et artistique, cela reste magistral. En plus de faire de la bonne musique, Portugal. The Man fait également des court-métrages hypnotiques si cela vous intéresse. Vivement que ces ricains passe par le Vieux Continent, d’après les rumeurs, les lives sont impressionnants.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 03/06/2013
Site web : www.portugaltheman.com/?
Notre sélection
- Atomic Man
- Purple Yellow Red And Blue
- Wave
Note RUL
4/5