Prince – PLECTRUMELECTRUM

The Artist est de retour, et il n’est pas muet. Le roi de la pop a récemment fait une nouvelle entrée magistrale sur le marché musical avec la sortie simultanée de deux nouveaux albums, quatre années après “20Ten”. C’est donc agréablement que l’on découvre sur les étals “PLECTRUMELECTRUM” et “ART OFFICIAL AGE”, publiés via Warner. Ce premier a vu le jour le 29 septembre dernier et était originellement le seul opus prévu. Mais contrairement à “ART OFFICIAL AGE”, ce disque a été enregistré par le groupe 3RDEYEGIRL, composé de Prince (chant/guitare/piano), Donna Grantis (guitare/chant), Ida Nielsen (basse) ainsi que Hannah Ford (batterie).

L’album débute en douceur sur une piste de blues, dont l’intitulé “WOW” contraste avec son contenu musical plutôt lent, bien que le refrain se dégage de la structure. Quelle drôle de piste pour ouvrir cette galette, mais passons. Puis, après la légère déception, l’essai nous interroge avec trois chansons, “AINTTURNINROUND”, “WHITECAPS” et “BOYTROUBLE”, durant lesquelles la voix de Prince ne pointe pas le bout de son nez. Beaucoup de surprises en à peine quelques minutes d’écoute qui déroute plus qu’elle attire. L’entreprise paraîtrait presque expérimentale, jouant la carte de l’insouciance sur certaines compositions telles que “STOPTHISTRAIN” mais sans approfondir sur le sujet. Car l’on passe d’une chanson plein d’entrain à une piste délicate, en faisant un détour par un blues décalé, et des chœurs en gospel. Bref, une sorte de brouillon musical. Il reste néanmoins agréable de trouver des airs rock n’roll bien punchy, tels que “MARZ” par exemple, ou le refrain de “FIXURRLIFEUP” et ses riffs de guitare outrageants, soutenus par une basse aguichante. Une quatre cordes qui, d’ailleurs, ne nous laissera pas voir la transition avec “BOYTROUBLE”, si ce n’est l’apparition d’une voix accélérée annonçant une piste plus “parlée”, R’N’B, que l’on appréciera très moyennement après l’explosion de son aînée. En somme, on ne sait pas bien où le groupe veut en venir. La composition est à la limite de la schizophrénie, supportée par les deux voix et symbolisée par la jaquette représentant deux femmes coupées sur leur moitié, et rapiécées, pour ne faire qu’un avec elles-mêmes. Tout comme les titres qui, d’ailleurs, ne comportent aucun espace.

“PLECTRUMELECTRUM” est une sortie étrange, inattendue de la part de l’américain. Coincé entre plusieurs styles, à l’instar de l’appellation “FUNKNROLL” qui termine l’opus, Prince nous offre une création déroutante, qui ne semble pas forcément suivre une logique précise, mais plutôt des lubies passagères. Quelque chose de l’ordre de l’essai, du test, s’affirme comme une envie de repartir avec une nouvelle formation pour fonder une nouvelle vie artistique, encore inconnue du public. Au final, ce disque est loin d’être la meilleure œuvre de Prince mais, au moins, il y en a pour tous les goûts !