Proletaria est un jeune groupe français dont le style est perdu quelque part entre le metal et le punk. Après un premier EP intitulé “Simiesque” sorti en 2007, c’est maintenant un second nommé “30 Minutes Rockstar” qui nous offre un aperçu de l’univers du quintette.
“Krieg Krieg Poudja”. C’est le titre du morceau d’ouverture. Aussi déconcertante que son nom, pour ne pas dire chaotique, cette piste possède deux grands mérites. Premièrement elle annonce clairement la couleur : le groupe assume sa musique à deux cent pour cent et réaffirme son identité à chaque riff. Deuxièmement, que vous le vouliez ou non, vous voilà plongé dans un océan de bruits sauvages et de mélodies plus ou moins difformes…
Pourquoi plus ou moins ? Parce que le groupe oscille entre des passages bien ordonnés où chacun fait ce qu’il a à faire et des passages où une guitare prend son rôle de trouble-fête au pied de la lettre : c’est-à-dire semble n’en faire qu’à sa tête et se désolidarise un peu de la base rythmique. Cela ne produit pas nécessairement une mélodie alternative –on en est même souvent loin-, mais la forte présence de guitare saturée tend parfois à dévorer le reste du son, comme sur “Mother Fucking Rockstar (The Armenian Super Mario Flow)” ou la batterie semble reléguée au statut d’élément de background. Heureusement, les morceaux sont tous assez différents, et aucun reproche ne pourra s’adresser au disque dans son intégralité. De brèves apparitions de chant clair, chœurs, ou même de véritables pauses, tout est bon pour Proletaria si ça entretient la flamme de la chanson. Et c’est là une de leurs grandes forces : le groupe n’hésite pas à laisser mourir la mélodie en plein milieu d’un morceau pour repartir de plus belle, quitte à le construire en plusieurs sprints consécutifs où les instruments s’éparpillent puis se restructurent autour de la mélodie ou d’un riff. Le résultat est relativement concluant, et à part sur un “That’s What I Call” qui peut se montrer redondant, l’ennui n’est jamais susceptible de pointer le bout de son nez. D’autant que la tracklist de l’EP est bien conçue, et qu’un “London” entièrement instrumental vient se loger au centre du disque, nous offrant un moment d’ambiance lourde tout à fait bienvenu.
Que Proletaria canalise son énergie, ou la laisse exploser comme bon lui semble, la musique garde son caractère et se bat à chaque seconde pour gagner votre attention. Cette qualité, qui donne tout son relief au disque, est aussi capable de jouer des tours et peut tout autant déstabiliser l’auditeur que l’accrocher définitivement.
Informations
Label : M & O Music
Date de sortie : 28/03/2011
Site web : www.myspace.com/proletariamusic
Notre sélection
- Third World Savior
- London
- Seriously?!
Note RUL
3/5