Si vous ne souriez pas quand vous entendez un quatuor de punk rock qui se nomme chiot, alors leur musique ne risque pas de vous radoucir. Mais est-ce vraiment le but ? Toronto n’abrite pas seulement une équipe de NBA incroyable. Mais aussi une formation prometteuse active depuis bientôt dix ans qui sait rendre fou un public. Troisième album des Canadiens, “Morbid Stuff” nous emmène à travers des élucubrations colorés qui embrasse une rage non dissimulée reflétant une vision clairvoyante du quotidien. Un caractère abrasif qui forge le respect.
S’ouvrant sur le titre éponyme, Stefan Babcock et ses comparses tirent à boulets rouges dès les premiers instants. Concentré d’émotions distillées au hachoir, l’authenticité des membres du groupe frappe avant tout. “I was getting high in the van in St.Catharines while you were rubbing elbows in the art scene” permet de situer la bande à travers ses racines que le quatuor affiche fièrement en se moquant ouvertement des inepties de l’industrie musicale.
Tout ce que le groupe désire, c’est de jouer. “I don’t know what you want me to say. Stood by watching as your world went up in flames when you’ve tried everything, but the feeling stays the same”. Le fil rouge de ce disque ressemble à la plus grande maladie du XXIe siècle, la dépression. Un sujet qui donne à réfléchir. Mais pourquoi vouloir réparer ce qui n’est pas cassé ?
Le coup de boule à prendre de plein fouet s’intitule “Free At Last”. Comme une réponse à “Morbid Stuff”, Babcock s’époumone et entonne : “Just ’cause you’re sad again, it doesn’t make you special at all”. Ce n’est plus une attaque de front, mais un véritable coup de pied au cul qui est asséné à travers un son brut qui persiste à conserver certaines sonorités pop.
Peut-être pour pouvoir toucher un plus grand nombre, car la plus grande révolte de PUP est de constater une uniformité chez ses congénères. Pourtant, l’éternel perdant ne jouit pas d’une seule victoire chez le quatuor. Il n’en demeure pas moins magnifique dans son essai vers le triomphe. Mais son échec n’en demeure que plus beau. Après tout, il paraît qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Nestor Chumak torture sa quatre cordes pour délivrer l’une des lignes de basse les plus imposantes qui soit sur “Full Blow Meltdown”, titre inspiré où les influences de nu metal s’entremêlent avec les références grunge de la formation. Le tout plongé dans un humoir noir délectable. Il n’existe aucun temps mort à travers onze titres. Chaque morceau peut devenir un prétexte pour foutre le bordel sur les riffs les plus accrocheurs. Mais c’est sans oublier la vision du groupe par le biais de nombreuses expériences communes qui fait que “Morbid Stuff” est exceptionnel.
“Scorpion Hill” traite de la paternité au sein chaotique de l’addiction, avec l’apparition d’une photo du fils entre les seringues usagés, les mégots de cigarettes, et les canettes de bière remplies d’urine. L’ensemble est subtile et possède une montée qui finit en apothéose. Avoir une approche frontale des choses ne veut pas dire pouvoir délivrer autre chose que de la colère. Le titre est une véritable lame de fond qui vous fait ressentir un panel d’émotions que bien des artistes ne pourront retranscrire en une carrière entière.
“Morbid Stuff” possède la qualité indéniable de n’être composé que de morceaux voués à être cultes. Plus accessible que ses deux prédécesseurs, les quatre garnements, au service d’une colère libératrice, délivrent l’un des plus grands crus de cette année 2019. Qui aurait pu prédire qu’il s’agirait d’une bouteille de sirop d’érable ? Un classique.
Informations
Label : Rise Records / BMG
Date de sortie : 05/04/19
Site web : www.puptheband.com
Notre sélection
- Free At Last
- Scorpion Hill
- Full Blown Meltdown
Note RUL
4,5/5