Le terme “power bottom” désigne celui qui, dans une relation homosexuelle, a l’autorité et la domination sur l’autre. Une thématique autour du sexe et de la quête d’identité qui correspond parfaitement à l’univers de Liv Bruce et Ben Hopkins, aka PWR BTTM. Ce duo américain de garage fait sensation depuis plusieurs mois avec sa musique bruyante et ses messages politiques autour de l’univers LGBT et du genre. Le groupe est d’ailleurs étiqueté depuis la sortie de son premier disque “Ugly Cherries” (2015) comme nouvel icône queer, statut qui semble se confirmer cette année encore avec “Pageant”. En dévoilant ce dernier, Bruce et Hopkins viennent s’imposer un peu plus dans le milieu très masculin du rock, sans pour autant rentrer dans les cases.
Ne vous fiez pas à la pochette pailletée de “Pageant” ou aux faciès chalands des deux membres de PWR BTTM : ce second opus des Américains est bel et bien un essai rentre-dedans, tumultueux et sinueux, en écho du questionnement autour du genre, de l’identité qui incombe aux personnes “non-straight”. A l’image du planant “Silly” ou du noise “New Trick”, le duo confirme son talent de songwriter avec des mélodies à la fois grondantes, difformes, accompagnant un récit contant ici les diverses difficultés de leur quotidien complexe. Attention pour autant, bien que singulier et très revendicatif, “Pageant” est à l’opposé d’un disque de propagande, offrant gratuitement un bourrage de crâne autour d’une idée précise : nous sommes bien ici face à un album incisif sur le fond comme sur la forme, de par sonorités multipolaires, allant de balade acoustique (“Styrofoam”) aux morceaux indie rock fins (“Oh, Boy”), bestiaux (“Big Beautiful Day”) et pop (“Answer My Text”)
Outre les mélodies diversifiées aux protagonistes-chanteurs différents (Liv et Ben intervertissant leur rôle de guitariste-chanteur et batteur), “Pageant” est également un recueil de phrases amenant à repenser la culture queer, le regard commun sur cette culture. Des punchlines prenantes et critiques, chantées sur un ton tantôt mélancolique (“Don’t you know how much I suffer?” de “Oh, Boy”), tantôt dénonciateur (l’incisif “Curse that motherfucker who would spit upon another’s body” de “Big Beautiful Day”) et tantôt ironique (l’incendiaire “I’m not exactly a boy in a dress but thank you, I know what you mean” de “New Trick”), qui amène à mieux comprendre la recherche de soi d’un point de vue public et privé. Un ensemble de récits enrichissant l’essai d’un point de vue historique, toujours d’un point de vue introspectif, créant autour de ce disque un aspect “réel”.
Que vous soyez en quête de nouveautés musicales, en plein questionnement personnel ou tout simplement curieux, ne cherchez plus : “Pageant” de PWR BTTM est l’album qu’il vous faut. Disque hybride entre garage, indie rock et folk, cet effort possède surtout un fort capital culturel et symbolique, apportant un souffle nouveau à la scène rock internationale. Feels garantis.
Informations
Label : Big Scary Monsters / Modulor
Date de sortie : 12/05/2017
Site web : pwrbttmband.com
Notre sélection
- Silly
- Big Beautiful Day
- New Trick
Note RUL
4/5