Il est de ces groupes dont l’aura est telle que la critique n’est que très peu souvent rencontrée. Tout ce à quoi touche Josh Homme bénéficie généralement de cette aura. Quelque part, on aimerait voir l’un de ses projets se planter en beauté, proposer un contenu insipide, si peu inspiré que l’on ne pourrait même pas défendre un parti pris trop extrême. Car c’est le risque lorsqu’un musicien a imposé une touche si reconnaissable qu’elle peut en devenir vide de sens. Les attentes autour de ce nouvel album de Queens Of The Stone Age sont donc mesurées. Que l’on crie au génie ou au sacrilège, la collaboration entre Josh Homme et Mark Ronson est prometteuse. Villain tu seras, ou tu ne résisteras pas.
Josh Homme a toujours voulu être pop avec Queens Of The Stone Age. Cette volonté n’a jamais été travestie et, même si l’on considère le groupe comme un pilier du rock stoner, ceci est surtout dû au passé de Homme au sein de Kyuss. Son rapprochement avec Mark Ronson, producteur pop de génie ayant oeuvré pour Lady Gaga, Bruno Mars ou encore Amy Winehouse, paraissait donc comme le pont farfelu mais pas si absurde que ça dans la carrière de Homme. Les Reines deviennent dansantes ? Après tout pourquoi pas, et ce n’est pas le riff incroyablement bondissant de “Feet Don’t Fail Me”, ou le groove assumé de “The Way You Used To Do” qui nous feront mentir. On retrouve la patte Homme mais avec une production aux petits oignons, des chansons regorgeant de micro-détails sans qui la cohérence tomberait à l’eau.
Si l’on ressent une atmosphère globalement plus lumineuse que celle observée sur “…Like Clockwork” (2013), le groupe n’en oublie pas pour autant de parfois nous amener dans les abimes. L’insondable “Fortress” fait partie des meilleures chansons écrites par le quintette, avec une progression nuancée au possible et des arrangements jouissifs. De manière générale, l’influence du travail de Homme auprès d’Iggy Pop et des derniers Arctic Monkeys se fait ressentir sur “Villains”. Si “Domesticated Animals” peut paraître redondante, son aspect répétitif permet à QOTSA d’expérimenter un travail de cordes et d’effets vraiment riches.
On parle beaucoup de Josh Homme et c’est vraiment que le charisme du grand roux est impressionnant. Mais les autres ne sont définitivement pas en reste. A commencer par Dean Fertita dont le travail aux claviers prouve que derrière son apparente discrétion, le musicien s’implique énormément dans le travail de composition de Queens Of The Stone Age et en est une pièce maitresse. L’alchimie entre les guitares de Troy Van Leeuwen et de Josh Homme n’est plus à prouver, surtout lorsqu’elle est supportée par une section rythmique aussi impressionnante que celle formée par Michael Shuman et Jon Theodore. Leur fusion n’est pas à rangée auprès de celles que l’on peut trouver dans des duo basse-batterie comme Flea et Chad Smith (Red Hot Chilli Peppers) ou Tim Commerford et Brad Wilk (Rage Against The Machine, Audioslave, Prophets Of Rage) mais leurs instruments ne jouent pas les mêmes rôles au sein de QOTSA. Quand Jon Theodore alterne entre tenir le tempo ou installer une ambiance alambiquée avec des parties de batteries velues, Shuman lui vient occuper la place primordiale entre ces rythmes tordus et les guitares chaotiques. Véritable mélomane, la basse joue un rôle central au sein de “Villains”, apportant densité et groove selon les chansons.
“Villains” pousse encore plus loin le spectre émis par Queens Of The Stone Age. La jouant un chouille plus mainstream qu’à l’accoutumée, les Américains n’en tombent pas dans le niais pour autant et trouvent, justement le compromis parfait. Comme s’il avait pris sept albums à Homme pour mettre en place son idée de base pour son groupe. Et lorsque l’on est entouré de musiciens aussi talentueux que ceux présents dans Queens Of The Stone Age, nul doute que la tâche est bien plus simple à accomplir.
Informations
Label : Matador
Date de sortie : 25/08/2017
Site web : www.qotsa.com
Notre sélection
- Fortress
- Villains Of Circumstance
- Feet Don’t Fail Me
Note RUL
4/5