Tout a commencé avec un nom issu de la filmographie de Jacques Audiard. Après des concerts par palettes entières, RLHT vient apporter la conclusion à ce qu’il avait commencé en 2013.
Noirceur et puissance sinueuse
“Ascension” s’inscrit dans le même schéma que ses prédécesseurs. L’architecture se base sur sept titres comprenant un prologue et un interlude musical. Visuellement, l’habillage est, une fois encore, confié au duo Fortifem. Toutefois, les musiciens abandonnent ici le style de Gustave Doré tout en reprenant des éléments graphiques des premiers disques. Enfin, les paroles d’Henoch, “sixième” membre du groupe travaillant dans l’ombre, garde la thématique biblique comme combustible aux aspects quasi prophétiques du quintette.
Longtemps et sans réelles raisons, les étiquettes “sludge” et plus encore “post black” auront collées à la formation. Mais derrière ce terme galvaudé se cache bien souvent une pièce mortuaire, un fourre-tout journalistique pour désigner de pâles copies.
Cet album livre tout les éléments propre au black metal. Compositions fleuves et aériennes. Organiques autant qu’apocalyptiques. Puissant et brut par bien des aspects. Agrégat de toutes les forces créatrices et influences du groupe.
Avec son arpège faussement planant, “L’Ascension” prend la forme d’une menace prédicatrice. Dissonant avertissement pour glisser dans la tempête de “New Order”. Agressif, laissant peu de respiration, mené par une rythmique intensive et des blasts acérés.
Plus que sur leurs autres disques, les musiciens poussent les compositions à leur paroxysme. Tout d’abord, la production de Francis Caste donne un aspect massif. Rapprochant le ressenti global d’un Deathpell Omega ou d’un MGLA, ce qui peut se ressentir sur un titre comme “The Renegade Son”.
La progression technique est indéniable et encore plus remarquable sur le chant. De l’aveu du groupe, un peu accidentellement ou fait très au feeling en studio. Les voix, tour à tour incantatoires dans “The Crowning” ou hallucinées dans “Stellar Cross” donnent un nouvel aspect plus abouti et singulier.
Fin d’un cycle
Riche et complexe, la dramaturgie austère et atmosphérique se déroule tout au long de l’ensemble tel un mantra.
Elle atteint son sommet lors du morceau clôturant l’écoute. “Au Bord Du Gouffre”, écorché, chanté en français. Composition intense marquant la conclusion du long voyage entamé quelques années plus tôt. Troisième et dernier chapitre du bréviaire où le tragique destin des hommes se retrouvait au centre d’une lutte acharnée entre un dieu tyrannique et ses Archanges frondeurs.
Le morceau termine par ces quatre mots “Regarde les hommes tomber”.
Ceux par lesquels tout a commencé. La quête d’élévation semble donc incertaine mais l’Ouroboros symbolisé par les dernières syllabes donne une toute autre dimension à cette “Ascension”. Il démontre que si le cycle trouve sa fin ici, le groupe, lui, est bien passé à un niveau supérieur. Que ce soit dans sa quête d’absolu, valeur propre aux origines du black metal, que par sa cohérence discographique.
Fourmillant de très bons riffs et d’habiles agencements, Regarde Les Hommes Tomber forge encore un peu plus sa personnalité par le vent nouveau soufflé sur cet album. Traçant son propre destin, délaissant son statut de suiveur, si tant est qu’il en avait un, pour marquer de son encre le black metal hexagonal.
Informations
Label : Season Of Mist
Date de sortie : 28/02/2020
Site web : www.facebook.com/rlhtband
Notre sélection
- Stellar Cross
- Au Bord Du Gouffre
- The Renegade Son
Note RUL
4/5