Royal Blood – Back To The Water Below

Cela fait bientôt une décennie que Royal Blood s’est fait connaître avec un premier album quasi-parfait. Repoussant les limites que certains prédisaient à ce duo basse/batterie, son alchimie l’a propulsé dans la catégorie des valeurs sûres du rock britannique. Déterminés à ne pas tomber dans la facilité, les Anglais reviennent avec un disque auto-produit, cherchant à faire jaillir les morceaux les plus honnêtes possible. Une plongée rafraîchissante !

Banger king?

Après les expérimentations dansantes de Typhoons (2021), le duo montre qu’il a encore du blues rock massif en stock. “Mountains At Midnight” renoue d’entrée avec la lourdeur caractéristique du tandem Mike Kerr / Ben Thatcher. Basse électrisante, batterie autoritaire et voix sensuelle, tous les ingrédients auxquels on pouvait s’attendre sont bien présents. Néanmoins, mettons fin au suspense d’entrée : ce n’est pas sur ce disque que vous retrouverez des pépites de la trempe de “Little Monster”, “Figure It Out” ou encore “Ten Tonne Skeleton”.

Délesté des comparaisons avec ses illustres prédécesseurs, on peut apprécier plus sereinement cette faculté de faire groover tout ce qu’ils touchent (“Shiner In The Dark”). D’autant que leur capacité à pondre des morceaux efficaces n’est plus à démontrer. “High Waters”, bien qu’un peu générique, fait mouche instantanément, tout comme l’explosive “Triggers”. “Tell Me When It’s Too Late” n’est, lui, qu’à un refrain un peu plus élaboré de rentrer dans les bangers du groupe.

Il est frappant de constater que le son est bien moins exubérant sur ce disque. Le meilleur exemple est probablement la soyeuse “The Firing Line”, qui instaure une ambiance mi-doucereuse, mi-inquiétante. Là où la conclusion se serait jadis engouffrée dans un déferlement de riffs et de frappes rageuses, le duo mise ici sur une retenue finalement plus surprenante.

Qui va piano va sano

À l’image de sa pochette, on a le sentiment que le groupe nous immerge, morceau après morceau, vers les profondeurs de son processus créatif. Délaissant peu à peu le rock abrasif du début pour des sonorités plus variées, tout est fait pour nous embarquer dans leurs nouvelles envies. Le fil d’Ariane de ce disque est la présence d’un piano, apportant une touche de raffinement sur la quasi-totalité de l’album. Cette nouvelle facette les amène vers un autre type d’énergie, saluant Miles Kane sur la très bien orchestrée “How Many More Times”.

Souvent associés à Queens Of The Stone Age, “There Goes My Cool” est l’occasion d’un hommage appuyé à leurs glorieux compatriotes des Beatles et Queen. Cette vraie prise de risque montre une subtilité rafraîchissante, tant du côté du jeu de batterie de Thatcher que du timbre (et du riff !) de Kerr. L’exploration prend fin sur la balade brumeuse “Waves”, qui apporte la démonstration éclatante que le champ des possibles est bien plus large qu’attendu.

Plus qu’une réinvention, Royal Blood évolue sous nos yeux en enrichissant une formule qui a fait ses preuves. Tout est moins cru sur ce Back To The Water Below, des paroles aux sonorités. Moins immédiat, aussi. On prend pourtant plaisir à replonger encore et encore, pour y trouver de nouvelles facettes. Comptons sur le talent d’alchimiste des deux compères pour associer ces nouvelles pépites à la parure de leurs prestations live.