Royal Blood – Royal Blood

Vraisemblablement le groupe événement rock du moment, Royal Blood fait vibrer les ondes FM depuis déjà quelques semaines. Formation originale simplement composée d’un batteur, Ben Thatcher (sans aucun lien familial avec l’incontournable Margaret), et d’un bassiste-chanteur, Mike Kerr, il aura pourtant fallu deux ans aux musiciens pour sortir un premier essai dans les bacs. Mais depuis… ça marche vraiment du tonnerre ! Avec un disque sobrement intitulé “Royal Blood” qui a remué les charts du monde entier, retour sur ce tandem qui n’a rien à envier à un quatuor classique.

Dès les premières notes de “Out Of The Black”, premier single révélé au public, la peur laisse rapidement place à l’étonnement et à l’exaltation musicale. Il est vrai que sur le papier, le line up de Royal Blood effraye plus qu’il n’attire. Mais quelle erreur de jugement : car on se rend vite compte que le son de basse proposé par Kerr est bien plus proche d’une guitare électrique traditionnelle que d’une simple quatre cordes. Une véritable exploration des sonorités qui caractérise l’ensemble et met en avant de vraies recherches, de belles prouesses et un esprit de composition hors norme. Et ce ne sont pas les titres suivant l’ouverture qui diront le contraire : entre l’intro de “Come On Over” grunge à souhait, l’intensive “Blood Hands” ou la sombre “Loose Change”, il se confirme aussitôt que l’instrument, généralement mis en arrière, se marie impeccablement avec le chant clair, le tout sous une régularité déconcertante et des riffs noisy plein de fougue. Avec même parfois un faux air de Jack White et son dernier single, “Lazaretto”. Cependant, il ne faut pas du tout mettre de côté le travail derrière les fûts, qui a un rôle primordial à jouer dans ce LP. Avec ces arrêts secs et son côté rythmique implacable, voire élémentaire, Thatcher offre aux chansons une perspective supplémentaire d’évasion et de puissance, comme le montre fabuleusement “Better Strangers” avec des changements de style qui valorise l’art de Mike tout en laissant du confort à l’auditeur qui s’y retrouve dans la composition. On finit vite par comprendre l’engouement qui se dégage de cette formation, brisant un peu l’image traditionnelle des groupes et de la place capitale d’un guitariste pour booster la musique en elle-même, à coup de riffs ravageurs. Ce qui est certain, c’est que l’un ne va pas sans l’autre et le duo Thatcher/Kerr le démontre bien avec un résultat plus que convaincant et accessible, penchant tantôt vers le grunge, tantôt vers l’alternatif.

Entre le côté exceptionnel du bassiste-chanteur et la force d’amplitude entre les mains du batteur, cet ensemble de dix morceaux vaut le détour pour les adeptes d’un rock au goût du jour. Il n’y a qu’une seule chose qui peut réellement expliquer l’attirance du regard des aficionados vers ces anglais : une volonté de briser les codes et y arriver avec succès suite à des compositions solides. Quelle belle découverte !