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Royal Blood – Royal Blood – 10th Anniversary Edition

À l’occasion du dixième anniversaire du premier album de Royal Blood, RockUrLife vous propose de replonger dans cet incontournable de la dernière décennie. Une réédition enrichie de nombreux titres bonus, qui montre que ses auteurs n’avaient pas livré tous leurs joyaux.

Le couronnement d’un style unique

Juin 2013. La scène principale du mythique festival de Glastonbury accueille le retour des Arctic Monkeys, venant tout juste de dévoiler un certain “Do I Wanna Know?”. Derrière sa batterie, Matt Helders arbore un T-shirt d’un groupe inconnu qui ne sortira son premier single que quelques mois plus tard. Son nom ? Royal Blood.

Avec un tel parrain, leur carrière avait tout pour se présenter sous les meilleurs auspices. Pourtant, à l’époque, il fallait un sacré flair pour imaginer le succès d’un groupe de rock ne comptant que deux membres. Certes, The Black Keys est alors au sommet de sa gloire depuis la sortie de El Camino (2011) et les cendres de The White Stripes sont encore fumantes. Mais à la différence de leurs aînés, ce duo ne compte pas dans ses rangs un guitariste virtuose mais un bassiste. Toutefois, ce dernier est bien décidé à repousser les limites de son instrument. Le dénommé Mike Kerr a en effet l’idée géniale de conjuguer la lourdeur de la basse avec l’agressivité de la distorsion d’une guitare. Il en résulte des sonorités sursaturées et tranchantes, cousines du stoner de Queens Of The Stone Age.

Tension permanente

À l’écoute des premières mesures, on peine à croire qu’ils ne sont que deux à envoyer les déflagrations sonores de “Out Of The Black”. Le batteur Ben Thatcher s’en donne à cœur joie, martyrisant ses fûts avec une précision et une énergie jubilatoires. Il est assez bluffant de constater la maestria proposée par un groupe comptant à peine un an d’existence au moment de l’enregistrement. Autant dire que cet enthousiasme ne nous quittera pas tout au long des neuf titres suivants.

Vocalement, Mike Kerr nous enveloppe de sa voix mélodique et rauque, se faisant tour à tour réconfortante et inquiétante. Les paroles sont assénées avec une précision clinique, tranchantes comme des lames de rasoir. Le tour de force de cet album réside dans cette capacité à diffuser une sensation de danger, nous projetant dans l’imaginaire de sombres ruelles anglaises. Dès lors, retrouver les morceaux “Out Of The Black” et “Come On Over” dans la B.O de Peaky Blinders est tout sauf surprenant.

Une main de velours dans un gant de fer

Non contents d’envoyer des parpaings sonores, la formation se distingue par sa subtilité. La mélodie habile de “You Can Be So Cruel” apporte ainsi une respiration après la menaçante “Figure It Out”. Mais même quand la voix est doucereuse, le jeu de basse rappelle que la tension n’est jamais loin (“Blood Hands”).

La meilleure synthèse de la recette Royal Blood est certainement incarnée par son second single, “Little Monster”. Premièrement, balancer une intro ultra accrocheuse visant à capter instantanément n’importe quel auditeur passant à portée d’oreilles. Deuxièmement, créer un sentiment de confort via une voix chaude hautement intrigante. Puis tout envoyer valser avec un refrain entêtant, basé sur un riff irrésistible, pour finir sur une montée en puissance lors d’un pont jubilatoire. Tout simplement imparable.

L’état de grâce se poursuit sur “Loose Change”, qui ne lâche son étreinte que pour nous amener vers une accélération légendaire, donnant une furieuse envie de pogoter. Et que dire du chef-d’œuvre de l’ensemble, “Ten Tonne Skeleton” ? Alors qu’on se remet à peine de la claque du thème d’ouverture, la voix traînante de Kerr vient nous cueillir, injectant cette petite inflexion de fin de couplet qui achève de nous convaincre de son potentiel tubesque.

Ultime joyau de la couronne

Pour prolonger le plaisir, les Anglais profitent de cette réédition pour réintégrer des morceaux issus de cette période. Nous retrouvons ainsi la B-Side “One Trick Pony”, jouée notamment lors de leur dernière venue à l’Olympia. Les fans de la toute première heure reconnaîtront également “Hole”, unique titre du premier EP à n’avoir (logiquement) pas passé le cap de l’album.

En revanche, nous ne nous attendions pas à ce que la claque “Sleeptalker” figure parmi les laissés-pour-compte. Totalement inédit, ce morceau bénéficie d’un riff et d’un phrasé assez incroyables, qui auraient mérité de trouver leur place sur le disque. Une décision largement discutable mais qui en dit finalement beaucoup sur la qualité de la sélection initiale.

Cet album est l’archétype du premier disque idéal. Une identité immédiatement reconnaissable, un mix parfait de titres immédiats et plus subtils, ont fait de ce Royal Blood (2014) un classique instantané à sa sortie. Dix ans après, force est de constater qu’il n’a pas pris une ride et constitue une formidable source d’inspiration pour chaque musicien désireux de repousser ses limites.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 16/08/2024
Site web : www.royalbloodband.com

Notre sélection

  • Ten Tonne Skeleton
  • Little Monster
  • Loose Change

Note RUL

 4,5/5

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