Santana – Santana IV

C’est le retour de Santana. Et pas n’importe quel retour, puisque le groupe revient dans sa formation quasi-originelle. En 2013, Neal Schon (guitariste qui avait quitté Santana en 1973 pour former Journey) décide de rappeler en studio le pianiste et chanteur Gregg Rolie, le percussionniste Michael Carabello et le batteur Michael Shrieve autour du guitariste de légende Carlos Santana. Il aura fallu quarante-cinq ans pour que “Santana III” paru en 1971 ait une suite. Deux années d’écriture et d’enregistrement donnent naissance à un numéro “IV” de seize titres qui en impose et qui rappelle les premiers succès du combo. Les fans de la première heure s’y retrouvent et remarqueront que la pochette est un clin d’œil à celle du premier album sorti en 1969.

L’opus s’ouvre sur “Yambu”, une introduction aux inspirations tribales mélangeant des rythmes afro et funk. Les percussions se mêlent aux solos de guitares comme sur “Choo Choo”. Sans aucune transition, la chanson enchaîne directement sur les guitares infernales de “All Aboard”. Une manière de continuer un peu plus la fête sur un rythme toujours plus effréné. Sur cet effort studio, on retrouve aussi Ronald Isley, le chanteur des Isley Brothers sur deux morceaux : “Love Makes The World Go Round” un hymne à l’amour aux inspirations salsa et “Freedom In Your Mind”, un peu plus funky/latino et très dansant. L’ensemble contient beaucoup de rythmes et d’influences salsa, des compositions aux solos endiablés comme “Anywhere You Want To Go”. Un premier single qui commence sur des rires, enchaine de manière très langoureuse puis monte en puissance soutenue par des chœurs entêtants.

Cette note chaude et suave, on l’entend aussi sur “Suenos” dont l’air n’est pas sans rappeler le célèbre “Europa”. Place à de l’instrumental pure et dure avec “You And I” et “Filmore East”, un titre de près de huit minutes, aérien qui frôle le mystique, un vrai moment d’évasion version Santana. “IV” contient aussi des morceaux très puissants, plus rock comme “Shake It”, “Caminando” ou encore “Echizo” avec toujours une présence latine. On retient aussi “Blues Magic”, un morceau plus calme qui prend son temps avec une guitare qui habille parfaitement la chanson.

Les fans de Santana ne resteront pas sur leur faim avec ce disque. On retrouve clairement la patte originelle du groupe. Les solos à rallonge sont la marque de fabrique de Santana mais des auditeurs découvrant la formation et peu habitués pourraient se perdre dans certaines longueurs et passer à côté de la qualité de ce “Santana IV”. Malgré tout, après toutes ces années et collaborations, l’esprit de Santana est toujours là. La guitare reste un membre à part entière du groupe. La formation n’a pas du tout perdu en qualité et revient avec un très bon cru, rythmé, dansant qui a du corps et qui laisse s’exprimer toute sa maîtrise. Un vrai retour aux sources.