Fils du Magma, enveloppe onirique d’un gourou raëlien disco, dandy alcoolique au son novateur, Tellier n’a cessé d’évoluer tout au long de sa carrière. Il change du tout au tout, de fringues, de musique, d’alcool et on en passe. Déjà reconnu comme l’un des noms à retenir de la french touch, Tellier s’est associé, au cours de sa vie d’artiste, à des artistes comme Kavinsky, Mr. Oizo, sans oublier Air. Ce joyeux barbu peut passer d’un cotonneux et instrumental “L’Incroyable Vérité” (2001), un mémorable et pop “Politics” (2004), un électro “Sexuality” (2008), à la création d’une secte penchée sur l’orgie. Les critiques attendent constamment au tournant ce compositeur excentrique et talentueux, surtout après un “My God is Blue” (2012) en déça des attentes de son public. Résultat : “Confection” est bien entendu, inattendu.
Tellier signe un retour aux sources douces et hypnotiques. Le piano brille, la basse englue, une chanteuse lyrique enveloppe le tout, tel un joli ruban de dentelle autour d’un paquet-cadeau. “Adieu” sonne un élégant retour. L’intégral de l’opus restera sur cette élégance, tout en retenue. “Coco” titillera par ses airs de jazz agrémenté de bossa chaloupée. Mis à part quelques extases, il faudra attendre “L’Amour Naissant” pour jouir de la voix calme et reconnaissable entre mille de Sébastien Tellier. La batterie de Tany Allen groovy et l’ensemble instrumental renvoie aux meilleurs moments de “L’Incroyable Vérité”. Quelques interludes seront de toute beauté tels que “Adieu Mes Amours” et “Adieu Comme Un Jeu”, mais elles seront vite happées par l’intérêt éclectique d’un orbitale “Hypnose” ou d’un délirium fuzzy comme “Waltz”. Ce dernier titre aurait sa place dans une fête foraine du film “Steak”. La guitare harmonique revient au premier plan sur “Delta Romantica” et dessine la musique d’une belle histoire d’amour dans les rues de Florence, un mercredi après-midi sur France 3. Au gré de l’effort, le chemin devient de plus en plus abrupt pour l’auditeur, les titres se transforment sans se ressembler. Le triptyque enivrant, classico-électro de “L’Amour Naissant” envoûte comme un bœuf de jazz rétro-futuriste à la ligne de basse qui ne vous quittera qu’au matin. “Curiosa I” et “Curiosa II” joueront les ballets d’opérettes au violon froid et triste, l’un et l’autre se répondront jusqu’à la rupture. Enfin, “Le Delta Des Amours” termine ce voyage, étrangement habituel, dans l’univers de Sébastien Tellier. Violon aérien, guitare pointilleuse, impression de plénitude, une fin apaisante et apaisée.
Tellier revient aux sources avec un “Confection” plus proche d’une bande originale pour Dupieux ou Sofia Coppola, plutôt qu’un futur succès commercial. Mais est-ce vraiment cela l’essentiel ? Au gré des titres, Tellier raconte une histoire, des histoires. Sans mot dire, il conte l’amour, la joie, le désespoir. Surprise et désappointement béa sont au rendez-vous de cet opus concocté par les habitués Phillipe Zdar, Emmanuel Orlando et Tony Allen (l’équipe de “La Ritournelle”). Encore une expérience sensorielle de Tellier.
Informations
Label : Record Makers
Date de sortie : 14/10/2013
Site web : www.alliancebleue.com
Notre sélection
- L'Amour Naissant
- Waltz
- Le Delta Des Amours
Note RUL
4/5