Seether revient avec un huitième album studio, le deuxième entièrement produit par le chanteur Shaun Morgan. Le quatuor affine depuis plus de vingt ans, un son et une énergie tout droit venus des années 90. Avec “Si Vis Pacem, Para Bellum”, Seether trouve le parfait équilibre dans ses compositions pour mettre en avant son univers sombre et captivant.
Un sujet maîtrisé qui s’autorise quelques expérimentations
“Si Vis Pacem, Para Bellum” offre un démarrage tonitruant avec les très réussis “Dead And Done” et “Bruised And Bloodied”. La basse est mise en exergue, les riffs sont lourds et les formules appliquées par Seether fonctionnent à merveille. Le groupe maîtrise les refrains accrocheurs soutenus par des guitares aux évocations des années 90. A l’image du single “Dangerous” et son chorus un peu trop facile. Un fond de commerce rehaussé par une production léchée, qui fait la part belle aux lignes de basse et à la voix de Shaun.
Le groupe sort de ses schémas avec l’expérimentale “Pride Before The Fall”. Le morceau change radicalement de rythme au bout de deux minutes. Il plonge l’auditeur dans une atmosphère deftonesque sur laquelle Shaun Morgan se met à hurler. Un titre original, qui malheureusement pèche par excès de mièvrerie dans le refrain. Néanmoins, cette volonté d’explorer de nouvelles sonorités semble prometteuse pour le futur de la formation.
La sobriété au service de l’émotion
Seether ne tombe jamais dans la surenchère d’effets ou dans la démonstration. Les morceaux respirent, à l’instar de “Buried In The Sand” et son instrumentation minimaliste. Sur “Drift Away” et ses lignes de guitares épurées, la musique passe presque au second plan. Des effets sur la voix permettent un jeu de réponse pertinent dans les lignes de chant. Le titre trouve un second souffle dans l’intensité proposée par son final. La ballade “Written In Stone” bénéficie de cette même retenue pour transmettre mélancolie et sentiment d’acceptation.
Si l’entrée en matière de “Can’t Go Wrong ” laisse à penser que le titre va envoyer du lourd, les Sud-Africains prennent le parti d’une mélodie simple et efficace en amorce de couplet. Le riff rageux du refrain reste également dans la simplicité pour un résultat percutant. Un morceau qui devrait prendre une autre dimension en live avec encore plus de puissance.
Un univers délicieusement sombre
Shaun Morgan partage ses pensées moroses et projette un certain dégoût pour l’humanité. Ses paroles relatent des épisodes de trahison et de déception vis à vis des autres. Il semble porter un regard tout aussi froid et dur sur lui-même. Le sublime “Failure” livre un auto-portrait sans concession : “I am, I believe, incapable of anything”. Les premières notes, empreintes de mélancolie, saisissent l’oreille avant de laisser la place à la poésie du morceau.
Le travail sur les ambiances est remarquable tout au long du disque. Des passages planants, parfois malaisants ou dérangeants ponctuent l’album, toujours maîtrisés. La noirceur des écrits se retrouve dans “Beg” et son intro qui rappellerait presque “Bored” de Deftones. Du groove dans la voix pour accompagner une basse heavy à souhait. Quand le refrain explose, le chant devient viscéral. Les chevaux sont lâchés et tout devient jouissif.
Seether frappe fort avec un nouvel album maîtrisé de bout en bout. La lourdeur des riffs, la noirceur et la poésie des textes adossées à des refrains accrocheurs en font un album percutant !
Informations
Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 28/08/2020
Site web : www.seether.com
Notre sélection
- Failure
- Beg
- Bruised And Bloodied
Note RUL
4/5