Chroniques

Sidilarsen – Chatterbox

En janvier dernier sortait “Chatterbox”, le cinquième opus des toulousains de Sidilarsen, connus pour leur son atypique dans le paysage rock francophone, mêlant l’électro/dance au metal. Porter aux nues par certains et détestés par d’autres, depuis plus de quinze ans, le moins que l’on puisse dire, c’est que le style musical de la formation ne laisse pas indifférent tout comme leur nouvelle galette.

C’est par un “GO!” que sont lancées les hostilités et le titre “Comme On Vibre”. Cette première chanson, puissante, hyper pêchue et taillée pour le dancefloor, laisse malheureusement un sentiment mitigé. D’un côté on se dit que la recette est un peu facile, trop accrocheuse et que le morceau est un peu fade. De l’autre, on se dit que le titre fonctionne, qu’il est efficace dans son style et qu’il faudra aller faire un petit tour sur le net pour vérifier les dates de la tournée parce qu’on s’imagine déjà bien dans l’obscurité d’une salle de concert, trempé de sueur, en train de sauter en rythme sur son refrain. Ce ressenti ambigu (et pas vraiment agréable) à l’écoute de la galette, ne se retrouvera sur l’opus qu’à une autre occasion, sur “Un Echo”. Tant mieux. Tout aussi entrainantes, mais beaucoup plus intéressantes à écouter en CD, “Matière Première” et “On En Veut Encore” sont, à notre avis, les chansons les plus réussies de “Chatterbox”. Le point commun de ces deux titres : être mené à un rythme de dingue et porté par des refrains forts. Si “Matière Première” est interprétée par un Didou qui dénonce les dérives de l’économie capitaliste, déshumanisée, dans laquelle l’homme n’est rien de plus qu’une ressource productive; c’est Bera qui officie derrière le micro sur “On En Veut Encore” et qui s’interroge : “est-ce une histoire d’effort si l’on s’aime ?”, “est-ce qu’on en vaut la peine ?”. On retiendra aussi de “Chatterbox” des morceaux hyper puissants où le metal, dans sa forme plus classique, est mis à l’honneur. “Unanime”, titre à l’intro bien lourde et au refrain violent dans lequel est évoquée la question de l’engagement est de cette trempe, tout comme “Le Prix Du Sang”, chanson au tempo plus lent dans lequel les guitares sont débridées. Si le mix électro rock est la marque de fabrique des Sidi, ce cinquième opus de la formation se caractérise aussi par une ouverture plus large à des influences venues d’univers musicaux différents. Cette dernière s’incarne d’abord au travers de l’introduction surprenante de “Hermanos” qui est teintée d’accents blues. Ensuite on la retrouve sur “Nos Anciens”, ou cette fois, c’est du côté du hip hop que le groupe va chercher de l’inspiration. Ce titre poignant, hommage à nos aïeux, divisera très certainement les auditeurs. Certains l’adoreront comme d’autres l’exécreront. Enfin, on retrouve cette ouverture sur la onzième et dernière chanson de l’album, “Des Milliards”, dont les paroles sont presque râpées. On notera au sujet de cette dernière sa longueur : dix-huit minutes. Sur celles-ci, treize sont consacrées à faire intervenir successivement une ribambelle de personnes de tous âges et toutes origines qui répètent : “Nous sommes des milliards contre une élite”  – à écouter une fois, mais pas plus.

Au final dans “Chatterbox”, on retrouve bien la marque de fabrique des Sidilarsen : des textes forts et engagés, tantôt revendicatifs, tantôt protestataires ou encore poignants, mais toujours porteurs d’espoir, sur un son électro metal explosif. Mais en même temps, le disque est aussi un peu plus porté par un rock puissant et revêche que ses prédécesseurs. Il y a fort à parier que par ce léger virage, déjà perceptible sur “Machine Rouge” (2011), le groupe parviendra à la fois à maintenir son identité profonde et à rallier à sa cause un public plus large.

 

Informations

Label : New Track Music / Musicast
Date de sortie : 27/01/2014
Site web : www.sidilarsen.fr

Notre sélection

  • Matière Première
  • On En Veut Encore
  • Unanime

Note RUL

3.5/5

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