Faut-il vraiment présenter Skip The Use aka les anciens de Carving, avec ce punk de Mat Bastard aux manettes ? Avec leur premier album, ces lillois méritaient déjà mieux que le sobriquet de Bloc Party français. Les tournées enflammées par les riffs de Yan Stefani font le reste de leur réputation. Un deuxième opus, “Can Be Late” sort en 2012 et les décoiffantes inspirations de Rage Against The Machine, Beck et Justice leur rapportent une Victoire de La Musique en 2013. Six mois seulement après leur tournée de presque quatre ans, ils partent enregistrer à Londres, “Little Armageddon”. Le son est plus léché que d’habitude, style british oblige, mais la patte reste nerveuse.
“Second To None” explose dans un riff bien gras aux influences garage punk avec des allures de Black Rebel Motorcycle Club squattant les 70’s. Le titre roule sur son chopper, le perfecto sur les épaules, avec un ronronnement de batterie. La ballade s’accélèrera sur “30 Years”, sans changer de cap. L’accalmie s’amorce avec un “Nameless World” gorgé d’influences ska, de bulles de synthés et de refrains britpop. “Lust For You” avec ses airs de funk à la sauce french touch, prendra la même voie. Mais Skip The Use n’est pas non plus un groupe pop, et l’envie de se remuer revient très vite avec, “Birds Are Born To Fly”, un garage rock bien hurlant, à la manière de The Black Keys, vient remuer les tympans. En totale liberté, STU va alterner le chaud et le froid. “The Taste” enfonce le clou avec un funk sombre aux guitares scintillantes se métamorphosant en une ballade new wave capitonnée. Ça ne s’arrêtera pas là, le ska punk survitaminé “The Wrong Man” se lancera, transpercé par des douceurs mélodiques pop et des riffs psychédéliques. Évidemment, la plus grosse surprise vient du morceau “Etre Heureux”, une complainte clamée en français, naviguant sur une folk brillante où un pique d’explosion de violons viendra toucher du doigt les anarchistes de la variété française. Au milieu de ces morphisme hétérogènes, “Little Armageddon”, fera évoluer les murs de guitares à la Tim Sköld, sur un groove d’Iggy Pop et une batterie qui explose sa pédale et ses cymbales. Pour conclure, “We Are Bastards” fera un retour fracassant à la base de Mat Bastard, son truc le punk, la guitare tient le riff, la batterie turbine mais maitrise sa cadence, tout est précis, mais sent l’anarchie.
“Little Armageddon” raconte une belle histoire, celle de Skip The Use. Sur leur route du rock, leurs influences se sont baladées du garage, au punk, en passant par le funk et autres -unk. Mais Bastard et Stefani ont bien fait germer l’ensemble, et l’ère de la maturité a sonné. Les Bastards sont davantage en retenu et moins impulsifs que sur “Can Be Late”. Mais il faut l’avouer, plus la machine est huilée, plus la mécanique fonctionne. Avec ses transitions et ses pics abrasifs, le troisième album des lillois est assurément taillé pour la scène. Les fans de leur ville natale et de la capitale, ont déjà pris leur billet, ils leur ont fait confiance en répondant présents et ils ont bien visé.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 24/02/2014
Site web : www.skiptheusemusic.com
Notre sélection
- Little Armageddon
- We Are Bastards
- Birds Are Born To Fly
Note RUL
4/5