Début janvier, Sleep Token retournait la toile en sortant quatre nouvelles chansons sans prévenir. Impossible de passer à côté du raz-de-marée que fut “The Summoning”, qui a dépassé les tente-quatre millions d’écoutes sur Spotify. Trente-quatre millions ! Pourtant, malgré deux albums au compteur, Sleep Token restait encore inconnu pour beaucoup de fans de metal. La question est donc de savoir si Take Me Back To Eden va enfin faire connaitre le mystérieux groupe masqué auprès du public français, ou si la hype va retomber comme un soufflé.
L’album de tous les contrastes
La première partie de l’album étant composée de cinq singles, les fans ne seront pas surpris. “Chokehold”, qui gagne en intensité au fur et à mesure que le titre avance, était le meilleur choix possible pour ouvrir Take Me Back To Eden. La voix si caractéristique de Vessel donne des frissons et son phrasé est encore plus précis qu’avant. On comprend tout de suite qu’il a gagné en puissance depuis l’excellent This Place Will Become Your Tomb (2021) et qu’il ne s’imposera aucune limite de style. Les musiciens non plus d’ailleurs, comme le démontre le fameux “The Summoning”. Long de 6 minutes 36, ce titre frôle la perfection avec ses changements de tempo et surtout sa dernière partie jazzy. On retrouve cette originalité dans “Ascensionism” (7 minutes 09) qui commence doucement au piano pour ensuite prendre un virage R’n’B à la Drake et qui se termine sur un final grandiose comme à la grande époque d’Architects. Cette impression d’écouter plusieurs chansons en une s’entend également sur “Take Me Back To Eden” (8 minutes 20), LE morceau qu’il faut écouter pour se rendre compte de tout ce dont le groupe est capable.
Expérimentations & Easter Eggs
Le dernier single en date a surpris tout le monde et pour cause ! “DYWTYLM” dénote complètement du reste par la voix robotique de Vessel et les sonorités rappelant Owl City, et en même temps, reste cohérent. Les Anglais avaient déjà expérimenté d’une manière similaire sur This Place Will Become Your Tomb avec l’excellent “Fall For Me”. Ce genre d’interludes permet de faire des pauses pour encore mieux finir en beauté. Ici c’est l’incroyable “Rain” qui fait suite. Impossible de l’écouter sans chantonner les paroles “rain down on me” ni taper des mains façon gospel.
Un autre morceau étonnant, c’est “Are You Really Okay?”. Les paroles vont en faire pleurer plus d’un.e puisqu’elles parlent de santé mentale, l’une des grandes thématiques de Sleep Token (“Please don’t hurt yourself again“). Mais c’est surtout cette guitare que n’aurait pas renié Georges Harrison et l’intensité qui monte crescendo façon stadium anthem qui rend ce morceau si réussi.
Sleep Token aime aussi faire référence à ses propres morceaux. Par exemple, on retrouve les paroles “It was no accident” de “Chokehold” dans “Take Me Back To Eden”. L’intro de “Sugar”, (Sundowning), est reprise dans “Granite”. Mais puisque les albums forment une trilogie, des paroles de la première chanson du premier disque (“The Night Does Not Belong To God”) se retrouvent dans la dernière chanson du dernier disque (“Euclid”). Du génie. La boucle est bouclée de la plus belle des manières.
Peu de groupes arrivent à faire coexister autant de genres différents (prog, metalcore, blackgaze, black metal, pop, R’n’B, screamo) dans un seul album en restant cohérents et innovants. Sleep Token a réussi à démontrer une fois de plus qu’il en était capable, à tel point qu’on peut désormais parler de marque de fabrique. Take Me Back To Eden ne plaira pas à tout le monde mais la prise de risque est indéniable et à la hauteur des ambitions du groupe.
Informations
Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 19/05/2023
Site web : www.sleep-token.com
Notre sélection
- The Summoning
- Are You Really Okay?
- Take Me Back To Eden
Note RUL
4,5/5