Attendu comme la sortie de l’été, un nouvel album de Slipknot est un événement majeur qui met en ébullition la scène metal mondiale. Groupe incontournable qui divise autant qu’il rassemble, le gang masqué de l’Iowa a parcouru bien du chemin depuis ses débuts en 1995. Peu épargné par les déboires, la bande de Corey Taylor avait réussi à reprendre de la vigueur en 2014 avec “.5: The Grey Chapter”. Ce dernier avait été marqué par la perte de son bassiste original Paul Gray et le départ de son légendaire batteur, Joey Jordison. Cinq ans plus tard, Slipknot délivre sa nouvelle offrande dans un climat toujours peu serein. Chris Fehn s’est vu prier de quitter le groupe alors que Shawn Crahan a du faire face à de grosses difficultés personnelles. Le nouveau “We Are Not Your Kind” arrivera t-il à faire front et séduire son auditoire ?
Un retour aux sources ?
Plusieurs interviews laissaient présager à un retour aux premières heures de la discographie des Américains. Force est de constater que ce sixième album contient une certaine agressivité qui renvoie à des morceaux passés. “Nero Forte” en est l’exemple le plus frappant. Avec son riff survitaminé et une rythmique diabolique, dur de ne pas y voir un énorme clin d’œil à “Iowa” (2001). Le refrain, avec le chant fédérateur de Corey Taylor ou le break de percussions, enfonce le clou et rappelle des titres inoubliables (“The Nameless”, “The Blister Exists”). “Birth Of The Cruel” conforte cette sensation, avec une ambiance très 90’s bercée aux samples électro typique du groupe de Des Moines. Le tout est d’une efficacité redoutable.
Un Slipknot innovant
Ce disque est pourtant loin de n’être qu’une redite des œuvres précédentes. Slipknot voit plus loin et tend à prouver qu’il a évolué. Prenant le contre-pied de l’agressivité à tout va, “Spiders” ou encore “My Pain” montrent la formation sous un jour plus posé en terme de composition et de production. Les samples électro jouent un rôle majeur pour créer un équilibre entre la voix de Corey et les ambiances malsaines amenées par les autres musiciens. Les sept minutes de “My Pain”, avec son atmosphère sombre et malaisante, semblent bien loin de la déferlante de décibels entrevue en début d’écoute. Le plus doux “A Liar’s Funeral”, s’il prend le même chemin, parvient tout de même à remémorer la capacité du groupe à altérer le propos (“Snuff”, “Vermilion, Pt. 2”).
Un équilibre fragile
L’écoute est clairement déroutante et il est difficile de déterminer avec clarté la direction que Slipknot a voulu prendre. Si l’agressivité est clairement un élément moteur de la composition (“Red Flag”) et que le retour réussi à un riffing d’antan est à souligner, d’autres éléments laissent perplexe. Les interludes, censés aérer l’ensemble, cassent quelques peu le rythme d’écoute et ne sont pas toujours des plus efficaces. Si “Insert Coin” amorce bien le tout, les autres compositions succinctes telles que “What’s Next” ne sont pas des plus utiles. Les longueurs en fin d’album ternissent également le tableau. L’ensemble se noie trop dans les samples et effets d’ajouts en oubliant d’aller à l’essentiel. “Solway Firth”, qui conclut l’œuvre avec efficience, donne la sensation d’arriver trop tardivement. L’attention de l’auditeur n’est malheureusement déjà plus active.
Une oeuvre qui divisera
Slipknot délivre une œuvre qui divisera certainement autant qu’elle rassemblera. De nombreux morceaux démontrent que le groupe conserve une verve et une rage détonante. Ajoutés à sa riche expérience, le groupe peut se permettre de créer des brûlots auxquels il est dur de ne pas succomber. Mais cet engouement sera certainement freiné par l’envie des metalleux masqués de ne pas se répéter et donc d’innover. Cette tentative n’est pas sans risque et soulèvera des interrogations justifiées. “We Are Not Your Kind” est à prendre comme il est : comme la réalisation d’un groupe qui a encore des choses à dire et qu’on ne peut blâmer de vouloir avancer. Tout en prenant soin de ne pas oublier d’où il vient.
Informations
Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 09/08/2019
Site web : slipknot1.com
Notre sélection
- Birth Of The Cruel
- Nero Forte
- A Liar’s Funeral
Note RUL
3,5/5
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1 Commentaire
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A la 1ère écoute, je me suis dit : ” mais qu’est ce que c’est que cet album avec ces titres “interludes” ennuyeux et inutiles au possible ? ” C’est vraiment dommage que ce nouvel opus contient des trucs chiants , dark, expérimentaux qui n’apportent rien….”…Quel est l’intérêt des chansons (qui n’en sont pas d’ailleurs) comme “Death because of you” (qui vient beaucoup mais beaucoup trop tôt dans l’album) ? , ou encore ” What next”, ” My Pain”, qui est très mauvais sans parler du raté “Not Long for this world” (surtout la fin du morceau)
Bref, trop de moments qui font retomber l’intensité alors que justement on à envie de se prendre une grosse baffe et non un bisou !!!
Le choix de l’enchaînement des titres est mal choisi, ça reste que mon avis…Mais j’ai fait l’expérience de programmer sur ma platine une setlist nouvelle sans les 4-5 titres chiants et en modifiant l’ordre, et bien c’est surprenant comment cela modifie complètement ” le sens” de l’album, qui devient , du coup, bien plus cohérent et intéressant à écouter sur la longueur.
Pour le côté positif, il y a des très bon titres comme ” Unsainted”, “Nero Forte”, “Solway Firth” ( mais bordel pourquoi le mettre en toute fin d’album ? ), “Red Flag”… En conclusion, pour ma part, je trouve que les titres mid tempo ou lents sont pas terrible. ” A liar’s funeral” est très moyen, un sous “Gently”.
Quand on sait qu’ils leur reste encore quinze titres dans les soutes….C’est frustrant, à l’image de l’abscence de “All out Life” qui aurait largement mérité d’y être…
Allez un 6.5/10 , on est loin de la claque de Chapter 5….