Sna-Fu Grand Désordre Orchestre – Knives And Bells

L’année 2014, qui débute avec de belles surprises étrangères, est aussi marquée par des nouveautés françaises qui feront l’honneur (ou pas) de notre pays. Sna-Fu Grand Désordre Orchestre, nom à rallonge d’un groupe aux dix ans de carrière derrière lui, n’est pas là pour être l’exception de la règle et décevoir son public. Après trois albums, dont le dernier est sorti il y a environ trois ans, les parisiens sont de retour avec un quatrième effort, “Knives & Bells”, au sommet de leur art.

C’est fort, c’est efficace, c’est rock n’roll et les termes pouvant définir positivement ce douze titres sont nombreux. Groupe ayant une énorme touche d’humour et d’autocritique, définissant leur genre de musique comme “mâle” et avec des morceaux esquissant plus d’un sourire, l’orchestre n’en reste pas moins carrée et constructive. Car oui, comme l’ont montré des projets comme Blink-182 ou Tenacious D, les blagues et les mélodies peuvent être corrélées et faire bon ménage. Dès le lancement de “Furious & Fast”, des sonorités salissantes et hardcore, propre à l’album, retentissent et annoncent la couleur des quarante prochaines minutes. Les grosses guitares sont de retour et la lignée artistique du précédent album est largement respectée, quoi que ce dernier effort soit un peu plus agressif. La voix de Clément Masson est, comme les guitares, en forme pour délivrer des cris punk incessants en anglais en adéquation avec le style général. Mis de côté l’ambiance jeune et immature, on retrouve aussi des titres un peu plus émouvants musicalement comme “Catrina” qui retourne complètement les pensées comparé à un “I’ll Give You Money”, bien plus rythmé et entêtant. “Clairvoyant” est une “explosion de bruits”, d’un chant carré et d’un riff à contre temps à en tirer les cheveux… qui justifie pourquoi on aime ces gars, riches héritiers des nombreuses époques passées. Chaque morceau de cet opus a la faculté de vous plonger brutalement dans l’univers particulier de Sna-Fu. Mais c’est grâce à ce monde que l’énergie est propulsée dans nos oreilles et notre corps. Tant de puissance que cet album ne s’essouffle pas une seconde, entre le début et à la fin, fidèle à son poste de boisson énergisante de la journée ou de cafetière pour les plus classiques. Il est comme une tempête dans le monde de la musique ne prenant que les bonnes particularités des distorsions et des cris, sans passer par la case stéréotypée et universelle qui est redondante actuellement. Ce qui est surtout agréable à entendre, c’est cette imperfection maitrisée qui règne sur l’album, avec un retour aux bases, oubliant les instrumentalisations sans embuche qui enlèvent le charme de l’art. Tous les fans du rock des années 90 à maintenant arriveront à trouver leur plaisir avec ce quintet.

C’est de ce genre d’album dont devraient s’inspirer certains groupes actuels qui caricaturent sans fin un style, sans se rendre compte qu’ils sonnent exactement pareils que de nombreux autres. Sna-Fu, avec comme marque de fabrique un son brouillon mais calibré, démontre une nouvelle fois un talent fondé sur la composition et le travail en studio. L’accent, ce n’est jamais bien grave, vos tympans seront déjà détruits par le gros son que vous n’y ferez même plus attention ! Sortez les Harley et roulez vers l’horizon en compagnie de Sna-Fu.