Le second album du supergroupe Sons Of Apollo “MMXX” est probablement la première sortie metal de l’année. Successeur de “Psychotic Symphony” (2017) qui avait secoué le monde du progressif, il est synonyme d’une confirmation quasi évidente tant les musiciens d’exceptions qui le compose sont aguerris.
Que dire ? Entre Mike Portnoy (ex-Dream Theater, Flying Colors, The Winery Dogs), Billy Sheehan (Mr. Big, David Lee Roth, Talas), Ron “Bumblefoot” Thal (ex-Guns N’Roses), et Derek Sherinian (ex-Dream Theater notamment, Planet X), la structure musicale est imparable. Le puissant vocaliste Jeff Scott Soto termine cette configuration à toute épreuve.
Battre le fer pendant qu’il est chaud
Si beaucoup de fans avaient défini le premier album des Américains comme “ce qu’on attendait de Dream Theater depuis longtemps sans l’avoir”, qu’en est-il de son successeur ? “Goodbye Divinity”, premier titre et première vidéo de l’album donne le ton. L’introduction renvoyant directement à “Falling Into Infinity” (1997), seul disque de DT avec Derek Sherinian aux claviers. Impossible de ne pas y penser tout en réhabilitant cet album qui, à l’époque, avait quelque peu déconcerté les fans extrêmes de DT. Le reste du morceau reste assez classique mais de bonne facture. Si quelques morceaux comme “Wither To Black” ou “Resurrection Day” (malgré un bon solo de basse) sont dispensables, le heavy “Asphyxiation” est juste fantastique. Que ce soit au niveau de la puissance qui s’en dégage, le pont instrumental enchaînant des soli toujours aussi superbes, que ce soit de Derek, de Ron ou de l’ensemble du groupe, et avec un tel final. Vivement une écoute en live.
Bien évidemment, la production est énorme et toujours le fait des fameux Del Fuvio Brothers (pseudonyme pour l’association Sherinian et Portnoy), le tout mixé par Jay Ruston (Anthrax, Stone Sour).
L’hommage à David Z.
“Desolate July” présente un dilemme dans son analyse, dans la mesure où si les paroles sont extrêmement touchantes, la musique reste assez simple et convenue. Et ce déséquilibre empêche d’être dithyrambique -comme beaucoup d’autres le sont apparemment- sur ce morceau. Outre l’introduction au piano, réminiscence de “A Change Of Seasons” dans l’ambiance, on n’est pas réellement surpris par la composition. Il nous faut évidemment mentionner que ce titre a été écrit en hommage à David Zablidowsky (ou David Z.), bassiste notamment d’Adrenaline Mob (dans lequel Portnoy a officié) tragiquement décédé le 14 juillet 2017 dans un grave accident de la route impliquant tout le groupe.
Singer or not singer?
“King Of Delusion” est une réussite totale, avec son ambiance mystérieuse, voire horrifique. Presque neuf minutes au compteur pour ce petit chef d’oeuvre de progressif. A se demander si les parties vocales étaient vraiment nécessaires.
Et justement, le sujet délicat du chant sur de telles compositions ressort sur “Fall To Ascend”, en soit très bon avec ses parties syncopées très DT (là encore, Derek gardait-il sous le coude certaines de ses parties de l’époque “Falling Into Infinity” pour plus tard ?) mais contenant des refrains bien trop convenus pour être véritablement marquants.
En tout honnêteté, si la voix de Soto n’a rien à prouver niveau puissance (cf. le fantastique “Live With Plovdiv Psychotic Symphony” sorti en 1999), on pourrait penser qu’elle manque d’émotion et de profondeur comparée à un Steve Lukather (Toto), Tom S.Englund (Evergrey) ou même Maynard J. Keenan (Tool). Est-ce sa faute ou plutôt des parties mélodiques banales et pas assez catchy des refrains ?
L’album se termine sur le “Dance Of Eternity” de SOA, à savoir “New World Today”, un plat archi-progressif copieux de seize minutes. Suite à une introduction guitare/nappe à l’ambiance pessimiste sur la situation de notre monde, c’est une véritable déflagration géniale de pur metal progressif qui attaque nos oreilles dès la sixième minute. Syncope, subdivision, parties ade basse/clavier sous-jacentes galopantes, soli de basse, soli basse/guitare (avec chœurs rappelant parfois le vieux Anthrax), solo de clavier sur une base heavy, puis solo plus calme avec le “son” marque déposé de Sherinian ayant pour but d’un peu faire ralentir notre rythme cardiaque. Même si un peu avant la treizième minute, les parties rythmiques et de l’ensemble reprennent un thème que l’on pourrait qualifier de “journalistique”. Il manquerait plus que la grosse voix américaine annonçant “Good Evening, CBS eyewitness news”. Splendide.
Making history
Une édition deluxe contient des versions instrumentales en remix de chaque morceau (le véritable point fort ?), ainsi que des extraits a cappella des ces mêmes titres.
A noter encore une fois l’excellent et efficace artwork réalisé par Thomas Ewerhard, reprenant le logo massif et imposant du groupe sur fond spatial violet.
Une suite réussie -malgré le défaut subjectif mentionné- pour des musiciens décidément pas en manque d’inspiration malgré leurs nombreux projets. Comme répondait Derek Sherinian en 1997 à la question de Portnoy “Que fais-tu ?” : “Je fais l’histoire, et toi ?”.
Informations
Label : InsideOut Music
Date de sortie : 17/01/2020
Site web : sonsofapollo.com
Notre sélection
- King Of Delusion
- Asphyxiation
- New World Today
Note RUL
4/5
2 commentaires
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Je vois qu’on a usé la même VHS “5 years in a lifetime” rapport à la phrase de Sherinian à la fin.
Exactement, même si Portnoy n’a de cesse de répéter l’anecdote durant les interviews de SOA^^