Chroniques

Soundgarden – King Animal

Après plus de quinze ans de séparation, on n’attendait plus vraiment le retour de Soundgarden, figure centrale (aux côtés de Nirvana, Pearl Jam, Alice in Chain, L7, Melvins, Hole, Mudhoney) du rock alternatif de Seattle qui a émergé au milieu des années 80 et explosé dans les années 90 : le grunge bien évidemment !

Certes depuis deux ans les américains s’étaient produits sur les scènes américaines et européennes mais, mauvaises langues que nous sommes, à l’instar d’autres groupes dont nous tairons ici les noms par respect pour leur gloire d’antan, nous avions pu interpréter ce retour comme celui d’un énième groupe venu tout droit du passé pour remplir les poches de ses membres à moindre effort. L’annonce du titre “Live To Rise”, apparu en avril dernier sur la B.O. du film “The Avengers” nous avait mis le doute : s’agissait-il là d’une nouvelle opération commerciale de la part du quatuor où était-ce le signe que les Soundgarden s’étaient remis à la création et qu’ils nous préparaient de nouveaux morceaux à ajouter à leur répertoire ? Six mois plus tard, avec “King Animal” dans les bacs, il s’avère que la bonne réponse était la seconde. Une fois la galette entre les mains, restait encore à savoir ce que ce sixième effort studio du groupe valait. Premier constat, comme on avait déjà pu le remarquer avec “Songbook” (album live, acoustique et solo de Chris Cornell sorti en 2011), la voix si particulière du chanteur de Soundgarden n’a pas bougé d’un iota. De même, le jeu de ses compères n’a pas pris une ride : les riffs acérés et les distorsions de Kim Thayil comme la base rythmique très variée de Ben Shepperd (basse) et Matt Cameron (batterie) sont toujours bien présents. A l’écoute des treize titres qui le compose, il s’avère que “King Animal” est en fait un album très riche, composé de nombreuses atmosphères différentes. Cette diversité vient d’abord du fait que Soundgarden parvient à la fois à rester fidèle au style initial de la formation qui a été développé sur les cinq albums studio enregistrés entre 1988 et 1996 sans non plus s’enfermer dans celui-ci. En effet, avec des compositions telles que “Blood On The Valley Floor”, “Black Saturday” et “Bones Of Birds”, la “patte” Soundgarden telle qu’elle a été définie dans “Ultramega OK” (1988), “Louder Than Love” (1989), “Badmotorfinger” (1991), “Superunknown” (1994) et “Down On The Upside” (1996), est bien présente. Mais le combo s’essaye aussi ici à de nouvelles sonorités sur des titres tels que “Attrition” ou “Eyelid’s Mouth”. La diversité qui caractérise “King Animal” nait également du fait qu’on trouve dans cet effort à la fois un rock bien lourd à l’image du premier single “Been Away Too Long” ou encore de “By Crooked Steps” et “Non-State Actor”, et des chansons plus douces (“Taree” et “Bones Of Birds”). Cette diversité est enfin due aux textes, variables dans leur contenu et n’ayant pas peur d’aborder des sujets “sérieux” tels que la lutte des classes ou la paternité.

Au final, avec cet album qui a été produit par Adam Kasper (Foo Fighters, Queens Of The Stone Age, Pearl Jam) et mixé par Joe Barresi (Kyuss, Tool), force est de constater que le groupe a bien vieilli et qu’il a réussit son retour. Malgré la diversité des titres (qui sont tous d’une grande qualité), “King Animal” est un album cohérent permettant une transition sans heurts entre les vieilles recettes qui ont fait l’identité et la gloire du groupe dans le passé, et les nouvelles sonorités et thématiques qui influencent et inspirent aujourd’hui ces musiciens matures.

Informations

Label : Mercury / Universal Music
Date de sortie : 12/11/2012
Site web : soundgardenworld.com

Notre sélection

  • Been Away Too Long
  • Attrition
  • Bones Of Birds

Note RUL

4.5/5