Storm Orchestra revient avec Get Better, un second album aussi puissant que cohérent, marqué par une tension électrique constante et un sens aigu du songwriting. En évoluant vers une écriture plus personnelle et nuancée, le trio parisien affirme ici une vraie maturité artistique.
Derrière la rage, une précision chirurgicale
Dès “Bright Soul”, la promesse est claire : ça va jouer fort, mais pas sans finesse. Le refrain éclatant contraste avec la densité des guitares, offrant un équilibre qui deviendra la marque de fabrique du disque. Même recette gagnante sur “Drummer”, où la voix de Maxime accroche immédiatement l’oreille. Groove sensuel, riff incisif, nuances vocales assumées : c’est simple, tout fonctionne. Ce titre accessible joue habilement avec les codes rock sans jamais tomber dans la facilité. La richesse des couches instrumentales y ajoute une profondeur bien sentie.
Avec “Superplayer”, Storm Orchestra livre un modèle du genre : groove omniprésent, riff entêtant, refrain imparable. Tout y est, dès l’intro. C’est efficace sans être prévisible, engageant sans être tape-à-l’œil. Le groupe trouve ici une voie très directe pour toucher l’auditeur, tout en conservant cette petite tension qui maintient l’écoute en alerte. En interview, Max soulignait justement cette volonté de capter l’attention rapidement, de ne jamais relâcher la pression : le contrat est parfaitement rempli.
L’urgence comme fil rouge
“Cut Loose, Somehow” accélère le tempo et la tension. Le morceau semble courir contre le temps, contre une menace abstraite – ce fameux “evil mechanism” évoqué dans le texte. L’urgence y est jouissive, la montée en puissance totalement maîtrisée. À mi-parcours, “Désolé”, en duo avec JJ Wilde, casse le rythme sans casser l’élan. Plus posé, ce face-à-face vocal fonctionne grâce à la complémentarité des deux timbres. Le choix du bilingue ajoute une touche d’intimité supplémentaire, comme une respiration nécessaire au cœur du tumulte.
“We Will Be The Last” installe quant à lui un climat anxiogène dès l’introduction. Guitares tendues, batterie lourde, voix partiellement robotisée… le décor d’un monde à la dérive est planté. Puis surgit un piano-voix grave, presque solennel, qui précède un refrain grandiose. Ce contraste entre noirceur et envolée incarne parfaitement ce que Storm Orchestra réussit sur tout l’album : transformer l’angoisse en force, la tension en moteur. La suite ne relâche rien. “Tear Myself Down” explore une introspection plus sombre, portée par une ligne de basse obsédante avant que la section rythmique ne prenne le relais.
A la recherche du viscéral
Mais c’est bien “Our Victory” qui marque les esprits : un bijou de construction dramatique. Départ minimaliste, tension au piano, puis déflagration rythmique. Le refrain, comme une course effrénée vers la lumière, semble incarner cette idée de résilience que le groupe cultive tout au long de Get Better. Et si “Trash The Room” clôt l’ensemble sur une note explosive, presque caricaturale – celle de la rockstar qui casse tout –, c’est pour mieux libérer l’énergie accumulée. Un défouloir sonore qui donne furieusement envie de vivre tout ça en live.
Storm Orchestra signe un bon album de rock moderne. L’accent anglais irréprochable de Max et sa maîtrise vocale impressionnante y sont pour beaucoup. Mais ce qui fait la force de Get Better, c’est surtout cette capacité à jouer avec l’urgence sans jamais perdre le contrôle. Le groupe a encore un peu de travail introspectif pour aller chercher encore plus loin une approche plus viscérale mais c’est déjà très convaincant.
Avec Get Better, Storm Orchestra ne cherche pas seulement à faire du bruit, mais à laisser une empreinte, urgente, brillante, inaltérable.
Informations
Label : Mascot Records
Date de sortie : 11/04/2025
Site web : www.rockurlife.net
Notre sélection
- Our Victory
- Cut Loose, Somehow
- Superplayer
Note RUL
4/5