Suicidal Tendencies – 13

Pionniers du punk hardcore et père du crossover thrash, le groupe californien mené par Mike Muir fait son retour après une absence de plus d’une décennie à la suite de leur dernier album, “Free Your Soul And Save My Mind” (2000). Actuellement en plein “Slam City Tour” parcourant le continent américain, et trente ans après leur fulgurant “Institutionnalized”, les lascars de Suicidal Tendencies sont de retour dans le monde des décibels avec leur nouvel album “13”.

Cette sortie du silence marque la fin du plus long passage à vide de leur carrière. Il est curieux de noter qu’au delà de la symbolique flagrante du titre de l’opus, également utilisée pour le dernier Black Sabbath, l’obsession numérique se décline à l’intérieur même de la création qui semble graviter autour de ce nombre. Non seulement le disque sort en 2013, soit précisément treize années après leur dernier opus; mais en plus de cela, ce dernier est composé exactement de treize titres. Debout depuis 1981, le combo vient réaffirmer sa présence à travers des sonorités énervées et une énergie qu’on lui reconnaît bien, contredisant par là-même, de manière ironique, la couverture de l’album qui représente une tête de mort avec le fameux bandana de Muir. Il sera constatable dès la première écoute que nous ne sommes pas prêts de les enterrer ! Leur musique semble inépuisable. Dès l’ouverture, “Shake It Out” nous embarque dans une skate party digne des 90’s en alternant passages chantés et phrasés rappés. On retrouve le groupe et son énergie détraquée dans “Who’s Afraid?” et “Cyco Style” qui semblent signer et nommer en quelque sorte le style si particulier de la formation. L’effort avance à vive allure, à travers des tempos rapides comme l’illustre si bien “Smash It!”. La composante metal et hard rock du groupe est bien présente grâce à la guitare et aux nombreux solo mélodiques, particulièrement avec “God Only Knows Who I Am” et “Living The Fight”. “Life (Can’t Live With It, Can’t Live Without It)”, l’avant dernier morceau de l’ensemble, est plutôt calme sous l’influence du son d’une pédale wah-wah et fait la démonstration d’une réelle harmonie au sein de la formation. Ici chaque instrument a son importance : la batterie donne l’énergie syncopée, la basse donne de la matière aux morceaux et la guitare apporte la touche mélodique. Le bassiste Tim Williams, nouveau venu et successeur de Stephen Bruner, se fait indéniablement remarquer à travers son jeu et sa technique funk sur “Make Your Stand”, “Smash It!” ou encore la caractérielle “Till My Last Breath”. Sorte de mouton noir au milieu du tumulte de l’album, sous ses airs de ballade sentimentale parlant de papillons et de solitude, cette chanson est vite rattrapée par la voix hargneuse de Muir, par la basse et la batterie qui viennent rythmer et dynamiser sa progression. Le disque se clôt de façon presque nostalgique avec “The World” chanson vivante et pleine de rebondissements musicaux alliant passages doux et agressivité Suicidal.

Ce “13” nous fait retrouver une formation qui, depuis trente ans, semble n’en avoir que vingt, rappelant également que l’esprit punk hardcore n’a toujours pas pris une ride.