Deux ans après son premier album, “The Death Card”, Sworn In revient avec un nouvel opus intitulé “The Lovers/The Devil” sous la direction de Will Putney, lequel a travaillé avec Miss May I et The Amity Affliction pour ne citer qu’eux. Pour ce nouvel effort, la formation s’est improvisée dramaturge. Êtes vous prêts à lever le rideau sur ce travail ?
Ce nouveau disque a un concept un peu spécial. Il décrit la déchéance d’une relation qui ne va plus, qui sombre, dans un format qui se rapproche d’une pièce de théâtre. En effet, il comprend une introduction toute instrumentale, de même qu’une conclusion, le tout portant une histoire bien narrée, une tragédie, possédant même un climax. Comme l’indique son titre, l’opus connaît une scission : d’une part les amoureux, d’autre part le diable, le tout séparé par une barre oblique. Les ciseaux présents sur la pochette de l’album sont significatifs : sur la lame gauche figure le garçon, sur la droite est la fille, en pleurs; tandis que les poignées possèdent des cornes, et le mot “devil” est inscrit à côté de la lame portant le jeune homme. La première partie de l’ensemble, correspondant aux amoureux, tend cependant déjà au second thème. En effet, il raconte l’histoire d’un romantique déprimé, vivant un amour à sens unique. Il préfère éviter le monde réel qui est trop décevant et blessant pour lui, jusqu’à la saturation marquée par le morceau d’instrumental “Waltz”. La seconde partie, quant à elle, correspondant au diable, marque la folie de l’homme, dégoûté du monde, froid, et passé à autre chose dans sa relation. Musicalement, les pistes nous font ressentir les émotions vécues, et cette transition du romantique au diable. De fait, les chansons sont parfois crues, parfois mélodiques, la voix est tantôt claire, tantôt criarde. Les paroles également sont très répétitives sur le début, comme pour marquer la folie qui le prend “oh sweetheart, oh sweatheart, oh sweatheart, oh sweetheart, my lover, my lover, my lover” puis “say it, say it, say it, you owe me so pay it, pay it”. Ces treize pistes, dont le nombre n’a sans doute pas été choisi au hasard, suivent une progression logique : l’amour qui semble, à sens unique, le rendant progressivement psychotique, puis la mort (“I Don’t Really Love You”, “Oliolioxinfree”), l’interlude, et le changement progressif jusqu’à “Weeping Willow”, où ce dernier ne ressent plus rien et devient froid à son tour. Il n’est pas difficile, pour quelqu’un qui connaitrait Sworn In, de voir le changement qui s’est opéré chez ce dernier. Le son est beaucoup plus axé metalcore que les précédents travaux.
En somme, cet album est très bien travaillé, pensé, mais il pourrait être trop complexe pour être pleinement apprécié sans en comprendre l’explication. De plus, le voix du chanteur reste encore fébrile parfois dans son chant clair, et cela peut être à la limite du dérangeant, déstabilisant. Malgré tout, l’ensemble est cohérent et le travail reste à féliciter, puisque la formation semble avoir mis tout son possible dans cette production.
Informations
Label : Razor & Tie
Date de sortie : 04/05/2015
Site web : www.sworninband.com
Notre sélection
- Weeping Willow
- Sugar Lips
- Sweetheart
Note RUL
3/5