Tagada Jones – Live Dissident Tour

Le label At(h)ome a vu, non pas un, mais deux groupes français sortir des albums live récemment. D’abord Lofofora, puis Tagada Jones. Ces derniers ont enregistré ce dernier disque aux Herbiers dans le cadre du festival On N’A Plus 20 Ans.
 

Après de longues minutes d’introduction lors desquelles il est possible d’entendre des épisodes de notre histoire contemporaine (La Marseillaise, Mai 68, 11 septembre 2001, etc.), et des battements de coeur, le groupe ouvre son concert sur “De l’Amour Et Du Sang”, suite logique à cette intro. Un tel choix donne immédiatement le ton de l’opus : il va être à fond à l’heure, marqué punk, marqué indignation, et surtout, marqué par notre société, par l’Histoire. Du Tagada Jones, en fait. Tagada Jones est une formation qui se vit, qui prend son sens en live, et certainement pas en studio. Sa musique est vivante, brutale, et doit vivre avec le temps qu’elle critiquen dans ses chansons. A partir de là, sortir un album live est certainement un avantage pour TJ.

Toute la puissance du combo ressort comme il se doit, la passion est communicative. En écoutant les pistes défiler, on n’a pas le temps de réfléchir, pas le temps de souffler. Si cela a quelque chose de stimulant, il restera néanmoins dommage que le résultat ne donne pas forcément les moyens d’apprécier les pistes en elles-mêmes, et notamment les paroles pas toujours audible. Quelque part, le son un peu crado parfois, saturé, retranscrit bien l’esprit punk du groupe, qu’il s’est vanté d’avoir retrouvé sur son dernier album studio “Dissident”, évoqué comme étant un disque anniversaire, réunissant en un seul effort tous les styles qui ont fait l’histoire et l’esprit de la bande. Chaque morceau fait naître en nous une sorte de rage, dans le bon sens du terme, un esprit punk qui s’empare de nous et donne envie de taper du poing sur la table… Ou plutôt, de lever le poing dans une salle de concert.

Il ne fait nul doute, Tagada Jones est un groupe taillé pour le live, et son énergie est communicative. Les hommages sont, comme pour ses confrères de Lofofora, quelque chose d’incontournable sur cet essai, puisque le quatuor jouera les pistes écrites en soutien à Charlie Hebdo, puis en soutien aux Béruriers Noirs, contre le racisme, et surtout “Osmose 99” pour Schultz de Parabellum récemment décédé, après un speech court, mais efficace et acclamé par le public. La preuve que Tagada Jones est un groupe humain avec un grand “H”, et que le live est symbole de vie, et qu’un concert réussit est un concert honnête, et transpirant d’humanité. C’est exactement ce qu’il se passe avec eux. Le “Pour notre ami Schultz, qui serait bien content de nous voir serrés comme des sardines !” lancé en plein “Osmose 99” rappellera que la musique est quelque chose qui rapproche, et qu’une formation qui réussit, est un groupe qui peut créer un lien avec son public. Pari réussi, en écoutant ce live, toute cette chaleur, cette fraternité, émane du combo. Il parait que le chaos structure, et ce live en est la preuve : un live chaotique, brutal, et pourtant éminemment vrai et droit, honnête, et qui donne envie d’être droit dans ses bottes face à cette société.

Finalement, peut-être que Tagada Jones n’a plus vingt ans, mais son esprit punk est toujours présent, et ce “Live Dissident Tour” est une preuve honnête de la droiture d’un groupe profondément humain, qui joue pour le plaisir, et le partage, que ce soit de ses opinions, ou d’un moment fraternel.