Tamino poursuit son opération de séduction avec une troisième addition à sa discographie, le poétique Every Dawn’s A Mountain. Lyrique, intimiste, ce nouvel album propose des sonorités aussi soyeuses que ses prédécesseurs, tout en enrichissant sa formule signature.
Élégie lyrique
Parmi les nombreuses armes que Tamino compte à son arsenal, il en est une qui ne fait défaut à aucune de ses productions et qu’il manie avec une justesse émotionnelle incomparable : sa voix. Qu’elle plonge dans les graves les plus ténébreux (“My Heroine”, “Every Dawn’s A Mountain”, “Willow”) ou se permette d’atteindre des aigus transperçants (“Babylon”, “Raven”, “Elegy”), elle porte constamment la même promesse de sensibilité. Et cette capacité de transmission est essentielle à la portée émotionnelle de sa musique, tant la voix endosse souvent le rôle principal face à des instrumentations plus épurées.
Au-delà de son timbre, Tamino nous propose de nouvelles mélodies déchirantes, les singles “Babylon” et “Dissolve” en présentant certaines des plus belles. “Sanctuary” marie délicatement la voix veloutée de Tamino et celle, plus lumineuse, de la chanteuse Mitski pour qui le Belge a assuré plusieurs premières parties en 2024 sur un arrangement guitare/batterie simple et flottant. “Willow”, “My Heroine” et “Amsterdam” offrent des sections plus nébuleuses et introspectives, auxquelles répondent le lyrisme des falsettos de fin de “Babylon” et de la progression de “Elegy”, tandis que “Dissolve” nous tient en haleine en se permettant des variations d’intensité envoûtantes, comme si Tamino n’acceptait de nous plonger dans son univers qu’en contrepartie de sections plus secrètes, n’appartenant qu’à lui-même.
Le voyage en poésie
En grande majorité écrit dans le cocon de son appartement new-yorkais dans lequel il a récemment élu domicile, Every Dawn’s A Mountain est aussi né de l’expérience des voyages de son auteur, en tournée avec Mitski, de retour en studio sur ses terres natales belges, de visite dans une église de la Nouvelle Orléans pour une session d’enregistrement, ou, de façon plus immatérielle peut-être, à travers son lien héréditaire avec l’Égypte.
Ainsi, Tamino multiplie les références sonores et les paroles relatives à l’exploration du monde. Deux chansons écopent d’un nom de ville, les ruines de “Babylon” se trouvant comparées aux vestiges d’un amour abandonné, tandis que “Amsterdam” permet à l’artiste d’honorer avec nostalgie ses années d’études passées en territoire néerlandais. Plusieurs morceaux se dotent d’une partie d’oud, instrument arabe aux sonorités chaleureuses, tandis que certaines sections de violons renforcent les inspirations orientales dont Tamino orne avec grâce la plupart de ses compositions (“Raven” en étant ici l’exemple le plus évident). De son côté, le titre “Sanpaku” (en japonais, “trois blancs“) reprend une croyance issue de la médecine orientale selon laquelle la visibilité du blanc de l’œil au-dessus ou au-dessous de l’iris coloré serait associée à des déséquilibres physiques et neurologiques.
Enfin, le voyage prend une dimension plus métaphorique lorsque le Belge associe spiritualité et amour sur “Sanctuary” et “Every Dawn’s A Moutain”, la première à travers ses références sacrées (“I reside in the ruins / Of the sanctuary / Where a man praised a woman / And she loved him holy“), la seconde par la présence de chœurs féminins laissant l’impression d’être entré dans un lieu de culte.
Tamino nous offre une troisième production aux effluves mystérieuses, alliant intimisme et tonalités plus épiques pour un résultat préférant aux sonorités hiver-au-coin-du-feu de Sahar (2022) une ambiance plus proche d’une promenade sous une nuit étoilée. Pour être témoin de cette nouvelle poésie musicale, rendez-vous le 25 octobre prochain à l’Adidas Arena.
Informations
Label : Communion Records
Date de sortie : 21/03/2025
Site web : www.taminomusic.com
Notre sélection
- Babylon
- Dissolve
- Raven
Note RUL
4/5