The Black Keys sort enfin de l’ombre. Il en aura fallu du temps avant de connaître le successeur du best-seller “El Camino” (2011) qui les a propulsés sous les projecteurs du monde entier. Et cet héritier, qui répond au doux nom de “Turn Blue”, se doit d’être impeccable face au regard imposé et critique des fans qui l’attendent au quart de tour, après la nuée de hits qui a envahi l’espace audiovisuelle entre 2011 et 2012 de par leurs puissances, leurs profondeurs et leurs originalités. Une pression évidente à laquelle doit répondre ce nouveau disque, une nouvelle fois coproduit par Danger Mouse, déjà présent dans d’anciens essais. Retour sur ce nouvel univers défendu par les américains.
Alors que dans l’ancien disque, qui a fait leur renommée actuelle, présentait une majorité de titres up tempo aussi entrainant et entachant les uns que les autres, “Turn Blue” a décidé de régner dans un espace différent, en s’accompagnant cette fois-ci d’une majorité de chansons mid tempo, dans l’idée et l’optique du morceau d’ouverture “Weight Of Love”. La rapidité et les explosions ont laissé place à l’expérimentation et au psychédélique, à l’image de cet introduction et de la piste éponyme “Turn Blue”, dirigée par des synthés et des basses qui rythment l’ensemble face à la batterie de Patrick Carney, nettement en arrière. On retrouve malgré tout quelques chansons qui résultent d’une évolution cohérente post-“El Camino” comme le fougueux single “Fever” ou encore la clôture “Gotta Get Away”, hit évident d’inspiration 70’s qui vaut le détour. Des autres morceaux plus calmes découlent de belles mélodies et des riffs fluides, simple, mélangés à des parties de voix du chanteur Dan Auerbach, méticuleuses et justes, comme le schématisent “In Time” et la simpliste “Waiting On Words”, ballade acoustique. Du nouvel impact de Danger Mouse dans ce frais travail émane une direction musicale contemporaine et un registre assez propre avec des caractéristiques blues ni trop bruyante ni trop répétitive : ce CD se laisse écouter aussi bien en musique de fond qu’en musique principale. Dans une optique plus générale, au cours de la lecture de ce disque, de petites longueurs apparaissent suite au manque de punch et de rapidité dont avait habitué la formation avec “El Camino”. Certes, l’évolution est de rigueur, mais c’est à se demander si un manque d’implication voire une flemme dans la composition ne ressort pas de ces mélodies. Un pessimisme après le plus grand succès de leur carrière, qui a poussé les musiciens à s’exprimer dans la retenue plus que dans l’expression pure et dure. D’expérience, il est certain que les américains peuvent s’exalter bien plus qu’ici avec plus de rogne et d’attaque au lieu de simplement remplir l’espace, bien qu’ils s’exécutent d’une façon claire et correcte.
On retrouve bien au final un travail de composition et une recherche de sonorités assez intéressante qui n’exprime bien que du bon pour le futur de The Black Keys. Cependant, bien que cet opus ait du potentiel avec une ambiance blues rock attirante, il se trouve comme étant complémentaire et dépendant des hits de “El Camino” dans lequel repose toute cette puissance et cet esprit de compétitivité recherché. Il n’est jamais facile de revenir après un succès mondial et The Black Keys en fait indirectement les frais.
Informations
Label : Nonesuch
Date de sortie : 12/05/2014
Site web : www.theblackkeys.com
Notre sélection
- Gotta Get Away
- Fever
- Waiting On Words
Note RUL
2.5/5