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The Cure – Songs Of A Lost World

Seize ans après son dernier album, The Cure revient presque en catimini avec huit titres sur ce Songs Of A Lost World. Toujours aussi mélancolique mais tout aussi brillant, The Cure nous propose probablement son meilleur disque depuis longtemps, voire même depuis Disintegration (1989).

Boys Do Cry

C’est une évidence : Robert Smith a retrouvé sa voix, son émotion originelle que l’on croyait perdue sur les derniers albums (ou errements, diront certains) du groupe. Ici, elle est profonde, émouvante. Il va puiser au plus profond de son âme et de ses expériences tragiques de deuil pour traiter des sujets habituels de The Cure : la perte, la dépression, la mélancolie. Sur “Alone”, on retrouve ces thèmes chers au chanteur et même si ce sont toujours les mêmes, après tout, c’est aussi pour cela que l’on écoute The Cure. La voix inégalée et inchangée de Robert Smith est toujours un régal, d’autant plus en lien avec le jeu de guitare nerveux de Reeves Gabrels.

“A Fragile Thing” nous permet de retrouver la basse ronflante de Simon Gallup, le pilier artistique (avec Smith) de la formation. Les quelques relents pop sont vite masqués par la guitare de Smith et sa mélancolie lancinante, mais il n’en demeure pas moins un excellent morceau.

“Warsong” renoue avec les morceaux de Pornography (1982) : extrêmement dépressif et sombre, il n’est pas à mettre entre toutes les mains, surtout les plus fragiles. Avec son désespoir douloureux, c’est l’expression de la plus profonde tristesse incarnée.

“I Can Never Say Goodbye” est la chanson la plus triste des huit titres. Smith, qui parle de la perte de son frère, se livre le plus intimement derrière la beauté de la poésie du texte et des sons : porté par un piano sans fioritures ni éclats, son chant évoque la perte et son irrémédiable chagrin. “Drone:Nodrone” est une sorte de respiration dans toute cette noirceur mais aussi un titre profondément en colère. On renoue là avec le Cure un peu plus énervé des années 1990, combatif, enjoué. Cela n’est pas pour déplaire et permet de souffler entre deux morceaux imprégnés de tristesse.

Lovesong

Mais les années 1980 sont en embuscade et le morceau “All I Ever Am” semble tout droit sorti de cette époque. Revigorante et bien écrite, elle apparaît comme un peu en décalage avec le reste de l’ensemble mais reste une parenthèse bienvenue et faite avec beaucoup de talent.

Enfin, l’album se clôt avec les presque dix minutes de “Endsong”, puissant et déchirant. Ce morceau peut être vu comme l’œuvre testamentaire du groupe, tout en emphase et en spectaculaire. Il possède en lui une gravité que l’on ne pensait plus Robert Smith capable d’exprimer depuis plusieurs années. Le thème se suffit à lui-même et se résume en ces quelques mots : “It’s all gone“.

Beaucoup plus varié que ce qu’on pouvait craindre, Songs Of A Lost World peut certes être écouté comme un bilan de The Cure. Mais c’est aussi une magnifique démonstration de vitalité d’un groupe qui frôle les cinquante ans de carrière. Robert Smith a d’ailleurs annoncé qu’il prévoit la fin du groupe justement pour cet anniversaire. Ce sera sûrement le dernier album de The Cure, mais si cela ne se concrétise pas, Songs Of A Lost World restera une très belle conclusion à une histoire d’amour et de musique qui dure depuis un demi-siècle.

Informations

Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 01/11/2024
Site web : www.thecure.com

Notre sélection

  • Alone
  • A Fragile Thing
  • Endsong

Note RUL

 4,5/5

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Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.