The D.O.T. ne vous dit probablement rien mais derrière ce nom se cache deux artistes au background explosif. À droite et en costard, Mike Skinner, rappeur anglais, musicien, producteur de disques et acteur, mieux connu comme leader emblématique de The Streets. Et de l’autre, le crane rasé, en jogging, Robert Harvey, leader et fondateur de The Music (du temps où il avait des cheveux), groupe de rock indé tiraillé entre pop simpliste et guitares psychédéliques. Après la fin de The Streets (qui dura près de 20 ans), Mike Skinner a lancé un nouveau projet, avec Rob Harvey. Ensemble, ils ont enregistré un premier LP lâché comme une bombe en octobre dernier, et qui ne sera pas passé inaperçu en Grande-Bretagne. Leur deuxième album intitulé “Diary” est déjà de sortie et comme lors du précédent disque, Harvey s’occupe de l’intégralité des voix tandis que Skinner s’occupe exclusivement du son. Let’s rock n’roll, ou quelque chose qui s’en approche.
“Make It Your Own” intronise l’effort par des flûtes et des murs de guitares, Rob s’implantant dans un univers théâtral proche de Led Zeppelin. Après cette courte envolée arrive le très pop “Don’t Look At The Road” très proche des ballades de The Streets, adouci par un son électro 80’s. Ce voyage dans les 80’s continuera avec “Left Alone”, Mike Skinner joue avec sa table de mixage et entremêle voix, synthé et guitares pour parler d’amour avec les martiens. Retour de flûte pour “Blood, Sweat And Tears”, la batterie explose, la guitare joue le calme de l’arpège et les chœurs amènent une ambiance britpop au titre. “Under A Ladder” manque de punch, la voix perd le pied dans les refrains et trébuche à l’outro, à l’instar de Badly Drawn Boy. D’un autre coté, “Makers Mark” est une pépite électro récupérant le meilleur du mainstream pour s’en moquer, changement de rythme perturbant, rythmique et utilisation de reverbes hypnotisantes, Mike Skinner livre ici le meilleur de ce qu’il a acquis avec The Streets. “Left At The Lights”, avec une ambiance encore une fois pop, offre un piano cotonneux, accompagné d’une voix agréable, et surtout d’un jeu de sax d’une volupté romanesque. La rythmique, proche de Genesis offre une dimension intemporelle au morceau. À la croisée des chemins entre une musique sortie d’une bonne d’arcade des 90’s et d’un titre de Grace Jones, “Wherever You May Be” amuse, fait même rire, mais surprend par son rythme entrainant et son style ovniesque. “Most Of My Time” va chercher du coté de la diva des 60’s, cuivres aux gardes à vous, pianos à disposition et batterie impeccable. Un hommage admirable à la soul et au rhythm n’blues d’antan. Entre rap et garage rock, “What Am I Supposed To Do?” lancera l’assaut des seules guitares électriques de l’album, entrecoupées de chœurs, de pianos et de bruits de flingue. L’opus se termine en douceur sur “How Hard Can It Be?”, titre britpop à la ligne de basse obsédante, enveloppé d’un parfum mélancolique joué au piano.
The D.O.T. n’est pas un groupe de musique, c’est une expérience entre rap, pop, rock, jazz, soul, et électro. Le risque de ce brassage, même si la patte des deux acolytes reste extrêmement présente, est de perdre une partie des auditeurs, à un moment ou à un autre du disque, sur des morceaux qui manquent de punch, de prise de risque ou d’originalité. Mais heureusement, la grande majeure partie de l’album reste un petit bijou ovniesque aux influences dantesques mais à la technicité de production qui reste encore à parfaire. Reste à voir si sur scène la machine explose un peu plus encore.
Informations
Label : Cooking Vinyl / PIAS
Date de sortie : 06/05/2013
Site web : the-dot.net
Notre sélection
- Wherever You May Be
- Makers Mark
- Left Alone
Note RUL
3.5/5