Année charnière dans la carrière de The Devil Wears Prada que ce cru 2015. En effet, le groupe s’en est retourné vers ses premiers amours et sont de retour chez Rise Records après avoir sorti un album et le “Zombie EP” chez Ferret Records et un opus chez Roadrunner Records. Mais surtout, Chris Rubey, guitariste originel de la formation et véritable architecte du son de la formation décide de continuer son chemin vers d’autres pâturages. C’est donc avec une grande curiosité que l’on découvre ce “Space EP”, cinq ans après le “Zombie EP” qui avait rencontré un succès critique et commercial extrêmement positif pour la bande.
Dix ans de carrière pour un groupe qui a posé, avec ses premiers essais, les fondations d’un metalcore bien moins guindé qu’à l’accoutumée et beaucoup plus sauvage et émotionnel. Cependant, le départ de Chris pouvait créer quelques craintes quant à la richesse des nouvelles chansons proposées par le combo. Et au final, la réponse apportée par la formation répond à une logique bien particulière. Ce “Planet A” ouvrant l’EP se veut énergique et rentre-dedans, mais aussi très atmosphérique avec une prédominance des claviers s’occupant de distiller la mélodie principale de la chanson. Un travail d’ambiance déjà entrevu sur le dernier effort studio en date, “8:18”. Mike chante toujours sans véritable structure et c’est donc avec grand plaisir que l’on retrouve toute l’intensité dictée par ses émotions à travers des cris nuancés, parfois durs et autoritaires, et parfois plus éraillés et à fleur de peau.
La formule appliquée sur cette première chanson va être tenue sur l’ensemble des vingt minutes de musique proposées par le groupe. La cohérence artistique est de mise, on retrouve une ambiance bien particulière de manière transversale à chaque chanson, même si chacune occupe une place bien particulière dans l’EP. Si “Planet A” a été choisie pour être clippée, c’est sûrement parce que c’est la plus cinématographique. “Alien” rend parfaitement hommage à la saga du même nom avec une urgence et une brutalité que l’on pourrait parfaitement affilier à la présence d’êtres extraterrestres hostiles dans un environnement humain.
TDWP sait également prendre son temps. Sur une interlude extrêmement douce et ambiancée. Les Américains nous propulsent dans un cosmos à la fois reposant et mélancolique, le recul lié à la distance nous permet un regard différent sur nos vies et c’est une introspection calme qui précède un “Supernova” bien trop convenu pour être véritablement au niveau des autres chansons de la galette. L’ensemble se conclue par la très progressive “Asteroid”, sur laquelle Mike laisse exploser ses frustrations et ses préoccupations. Le passage parlé du milieu de la chanson permet de suivre la formation dans une autre dimension pour une fin dantesque.
Une fois de plus, The Devil Wears Prada réussit sans souci l’épreuve du concept EP. Pas étonnant pour un groupe dont les derniers albums sont habités par bons nombres d’idées fortes et par une progression élaborée et aboutie dans la réflexion. Musicalement, le quatuor sait palier le départ de son guitariste d’origine par une remise en avant des claviers et par un travail intéressant sur des guitares peut-être moins catchy mais servant plus les chansons. Le travail des voix se veut toujours aussi élaboré, ne tombant pas dans le cliché d’une alternance voix hurlée-voix claire déjà has been depuis des années. Le futur ne s’annonce pas si obscur que ça pour un groupe qui aurait pu disparaître cette année, face aux épreuves. Mais on le retrouve plus confiant que jamais à l’idée d’explorer de nouvelles pistes, et ça ne peut qu’être une bonne nouvelle.
Informations
Label : Rise Records
Date de sortie : 21/08/2015
Site web : www.tdwpband.com
Notre sélection
- Planet A
- Asteroid
- Celestial Mechanics
Note RUL
4/5