Déjà quinze ans que The Helio Sequence tente de répandre la bonne parole avec son indie rock, teinté de post punk moderne. En vain, la formation reste cachée dans l’ombre d’une scène dont la majorité des acteurs doivent faire face au même destin fâcheux. Pourtant légèrement propulsé par Keane pour qui ils ont ouvert sur une tournée américaine en 2009, ce duo américain composé de Brandon Summers au chant et à la guitare et de Benjamin Weikel à la batterie et aux claviers, revient avec son sixième album, éponyme. Signés chez Subpop, The Helio Sequence a tout de même le privilège d’être sur le même catalogue que Beach House et Foals.
Passé quelques bonnes surprises comme “Leave Or Be Yours” et ses mélodies catchy qui nous envoient directement sous le soleil de la côte ouest ou l’excellente “Deuces” qui affiche un tournant shoegaze/brit pop intéressant et enfin la belle performance vocale sur “Phantom Shore” qui s’impose comme le titre le plus rock et dynamique de l’ensemble, on arrive vite au constat que ce nouvel opus n’apporte pas grand-chose à une scène indie rock qui, en plus d’être amplement saturée, est bien souvent trop sage. Et c’est là tout le problème de The Helio Sequence : on ne peut pas demeurer élève pendant quinze ans. Exécuter correctement un style de musique, savoir le reproduire, est une chose, acceptable voire même agréable parfois, mais il est légitime d’attendre plus d’un groupe qui joue depuis quinze ans et qui devrait savoir transcender ce statut d’élève. Il y a bien sûr certaines tentatives, comme une touche plus électro sur “Upward Mobility” ou encore “Inconsequential Ties” qui débute en acoustique, mais la recette proposée par The Helio Sequence manque de contenance et d’originalité : on ressent à peine une tentative, fade, noyée par un manque cruelle de conviction et de risque. On en ressort avec un disque en demi-teinte, dont chaque chanson semble reprendre la formule de la précédente et le potentiel du duo s’essouffle donc bien vite. “Battle Lines”, qui ouvre l’album avec des arpèges clean et une batterie dynamique, laissait présager un album réussi et équilibré et c’est pourtant la deuxième partie de l’effort qui “sauve” The Helio Sequence du désastre. En effet, la clôture, “Never Going Back” permet à elle seule de sauver les meubles avec des effets intéressants qui permettent de rendre plus authentique cette mélancolie palpable tout au long de l’essai : on a enfin l’impression d’écouter un titre singulier, dont le final, qui donne l’impression de flotter, se veut considérablement différent des autres morceaux. Le problème de cette sixième offrande n’est pas que la musique soit mauvaise en soi : tout semble à sa place, les musiciens sont bons et le chant de Brandon Summers, bien qu’il manque cruellement de relief, est plus qu’honorable. La production, typiquement indie rock US, ne fait pas non plus défaut à la formation. Le problème, c’est que le duo semblait avoir tout pour livrer un album frais et original, mais se cantonne à des structures trop similaires, à des mélodies impersonnelles. A ce même type d’intro et de refrains que l’on retrouve pêle-mêle dans de nombreuses formations, mais aussi et surtout tout au long de ce “The Helio Sequence”.
Evoluer dans une scène où les talents sont noyés par une infinité de copieurs relève d’un choix difficile à assumer : la chance de proposer un disque qui sortira du lot devient mince. The Helio Sequence, l’album comme le groupe noyé dans un océan de conformité, a opté pour cette autoroute droite, alors que le duo aurait gagné à prendre quelques virages à risque, à se heurter à de nouvelles choses et expérimentations. En somme, à être moins sage. Car le potentiel, lui, est bel et bien palpable pendant ces trente-cinq minutes dont on ne retiendra au final que trois ou quatre chansons, c’est-à-dire quinze minutes de musique.
Informations
Label : Sub Pop / PIAS
Date de sortie : 18/05/2015
Site web : www.heliosequence.com
Notre sélection
- Phantom Shore
- Never Going Back
- Deuces
Note RUL
2/5