The Hives – The Death Of Randy Fitzsimmons

Cela faisait une éternité que les rockeurs les plus classes de Suède n’avaient plus donné signe de vie. Onze ans après Lex Hives (2012) et son recueil de hits endiablés, les bêtes de scène sont de retour, avec un album au nom plus qu’intrigant. Le groupe affirme avoir trouvé ces chansons dans le cercueil vide de son manager fictif, le dénommé Mr Fitzsimmons. L’occasion idéale de ressortir le costume qui leur va si bien : celui du rock espiègle et sans fioriture.

De l’énergie à la Pelle

D’emblée, “Bogus Operandi” rappelle à tous que les années n’ont absolument pas de prise sur eux. Nous nous retrouvons avec plaisir en terrain connu, savourant les “Like I said, like I said, like I said” martelés en écho par le guitariste Nicholaus Arson. Des crochets du chanteur aux guitares accrocheuses, tout est fait pour nous rappeler que ce groupe nous avait manqué. Le clip se montre tout aussi irrésistible, nous renvoyant au côté décalé de l’illustre “Tick Tick Boom”. La section rythmique est, comme de coutume, au diapason pour nous livrer la cure d’énergie dont nous avions besoin sur “Countdown To Shutdown”. Second single dévoilé, ce morceau est de The Hives pur jus dans sa simplicité abrasive.

Quiconque a déjà vu The Hives en concert sait que ce sont les rois de l’entertainment. À ce titre, la bien nommée “The Bomb” illustre parfaitement ce mélange d’énergie punk et d’humour, caractérisé par cette tirade déjà culte (“Que veux-tu faire ? Partir ! Qu’est-ce que tu ne veux pas faire ? Ne pas partir ! Qu’est-ce que tu ne veux pas ne pas faire ? …”). “Two Kinds Of Trouble” et son duel de guitare promettent également de trouver une place de choix dans les prochaines performances. On imagine déjà le leader Pelle Almqvist balancer son micro en l’air et cabotiner sur l’avant-scène d’une foule acquise à sa cause.

Si le groupe n’a jamais tranché entre rock et punk, l’implacable “Smoke & Mirrors” fait pourtant un clin d’œil appuyé au punk old school des Clash. Ses chœurs collectifs rappellent les Dropkick Murphys (l’aspect celtique en moins) avant de se conclure en fanfare. Se défendant de toute forme de maturité, les Suédois rappellent qu’ils n’ont pas leur pareil pour délivrer des morceaux épileptiques et extrêmement concis (“Step Out Of The Way”, “Trapdoor Solution”).

Une multitude d’ambiance rafraichissante

Toutefois, le quintette sait également lever le pied de l’accélérateur pour innover et varier les ambiances. “Crash Into The Weekend” et son violon nous emmènent ainsi au fond d’un saloon sans jamais nous lâcher. Sur “The Way The Story Goes”, la formation reste de l’autre côté de l’Atlantique en se rapprochant des sonorités qu’affectionne Cage The Elephant. La ressemblance y est troublante et illustre sa capacité à varier les ambiances, tout en gardant une colonne vertébrale assurée par le marionnettiste Pelle Almqvist. Toujours aussi charismatique, sa voix n’aura rarement été aussi propre sur tout un disque.

Toute cette énergie nous ferait presque oublier le “deuil” que connaît la bande. “Stick Up” y remédie en injectant de la noirceur, faisant écho à l’emphase toute cinématographique qu’affectionne le groupe. L’ajout de cuivres y installe une ambiance proche des rues enfumées de Peaky Blinders. Entre gang extrêmement classe, on se comprend ! Mais ce morceau n’est qu’un avant-goût de la surprise provoquée par la bluesy “What Did I Ever Do To You?”. Son tempo groovy en diable et son riff (évoquant “Do I Wanna Know” de Arctic Monkeys) apportent une surprenante respiration, que n’auraient pas reniée leurs récents partenaires de tournée. Une agréable innovation sur un album d’une richesse insoupçonnée, n’ayant pas besoin de super hits pour charmer l’auditeur.

“Éloignez-vous si vous ne pouvez pas suivre le rythme“, prévient The Hives en clôture. Trop tard, cet album aura fait la démonstration que la magie du groupe fonctionne toujours. Loin d’être un avis de décès, la formation nous donne au contraire rendez-vous pour de nombreuses célébrations live, dans lesquelles ces compositions auront toutes leur place. The Hives : la puissance du punk, l’élégance de James Bond.