The Horrors – V

Cinquième album pour les British de The Horrors qui reviennent tout en puissance après le (pas très bon) “Luminous”, sorti en 2014. La formation a profité d’une petite virée sur les routes du “Global Spirit Tour” aux côtés de Depeche Mode en juin 2017 pour balancer le premier single, “Machine”, qui se fait clairement l’incarnation des teintes beaucoup plus dark et pesantes du nouvel essai au nom des plus sobres, “V”. L’agglomération de visages en cire rose (ou l’image la plus dérangeante de l’année) présente sur l’artwork de l’opus ne ment d’aucune manière sur son mood : arrangements glauques, difformités adorées et ruelles crasseuses sont au rendez-vous. Les cinquante-cinq minutes de “V” déploient le krautrock psychédélique qui a fait le succès du groupe dix ans auparavant et qui nous avait manqué sur les sorties précédentes.

Impossible de passer à côté des faux-airs numaniens du morceau d’ouverture, “Hologram”, qui nous promet instantanément un électro bien crado mais totalement maîtrisé, maintenu jusqu’à la fin de l’essai et qui s’oppose sans aucun doute aux usages que le quintette avait pu en faire auparavant. The Horrors s’est, semble-t-il, démené à établir des compositions toutes plus fascinantes les unes que les autres, nous faisant entrer dans une fabuleuse transe démoniaque à l’image d’un “Ghost” ou “Weighed Down”. Des beats lourds, des guitares efficaces aux riffs gras, des synthés débraillés mais pas trop et toujours la magnificence de la voix hypnotisante de Faris Badwan.

De peur sûrement de faire dans le plat, les cinq Britanniques ont travaillé à intégrer un peu de nuance à cet amas de darkness et des titres comme “Press Enter To Exit” ou “Point Of No Reply” nous permettent de prendre cette bonne grosse bouffée d’air frais et d’apercevoir un poil de lumière. C’était pas de refus ! Ô surprise à l’écoute de “Gathering” qui nous offre même une guitare folk inattendue mais très bien accueillie. La ligne de synthé pleine d’espoir et d’entrain de “Something To Remember Me By” conclue en beauté et durant près de sept minutes un disque qui impose les nouvelles règles du jeu pour le quintette. Tout est désormais possible.

The Horrors a réussi à faire de “V” un effort sans accro qui se hisse vers l’une de ses meilleures réalisations. De “Hologram” à “Something To Remember Me By”, on retrouve une folle cohésion qui manquait peut-être (sûrement) aux précédents essais. Entre clair-obscur psyché, shoegaze électronique et garage/punk rock, The Horrors semble à nouveau maîtriser son sujet à la perfection.