Chroniques

The Joy Formidable – Wolf’s Law

Tout commence en Grande-Bretagne : c’est l’histoire d’un groupe qui a l’idée folle de remettre au goût du jour le shoegazing et la noisy pop. Une idée plus qu’excellente; aux cotés de Franz Ferdinand, Arctic Monkeys et autres The XX, le trio gallois offre une touche d’originalité avec leur premier album “The Big Roar” sortie en 2011. Le combo est immédiatement comparé aux Smashing Pumpkins. Par la suite, les british enchainent les tournées, jouent chez Jimmy Fallon et se retrouvent même sur la B.O. de “Twillight : Chapitre 4”. C’est ce qui s’appelle vendre son âme au diable. Le danger vient avec la renommée, d’où le titre du second opus, “Wolf’s Law” : théorie développée au XiXème siècle qui indique que l’os chez une personne saine s’adapte à la charge qui lui est placé dessus. Alors, The Joy Formidable a-t-il réussi à supporter le poids du début de la reconnaissance ?

Le premier morceau démarre en douceur, “This Ladder Is Ours”, ancré dans un univers classique avant d’exploser en douceur avec des riffs aigus et une voix très pop. Un couple de longue date nous rappelle les joies infinies des débuts de leur relation avant de sombrer dans la nostalgie. Un sujet revenant également dans “Forest Serenade” et “Tendons”, le trio est désormais assez grand pour faire face aux dures réalités de l’amour. Le long de ses titres, Ritzy Bryan se faufile entre la batterie et le lead guitar avant de mener la danse du heavy, de la pop et du grunge, jusqu’à la fin. Ceci n’est qu’un avant-goût du transgenre dont est capable The Joy Formidable. “Wolf’s Law” s’envole et explose avec “Cholla”, une guitare proche des Guns N’ Roses, une voix aérienne, un synthé obsédant mariant à la perfection britpop, hard et shoeazing. Les morceaux se suivent et ne ressemblent pas, alors que la structure même de chaque titre repose sur une entrée douce et intimiste avant d’offrir une explosion d’émotion et de couleur, à l’instar de “Maw Maw Song”. Le titre change de rythme et ne cesse de changer de style : du psychédélique, au grunge, à la pop en passant par le noise. Par ailleurs, “Bats” et “Maw Maw Song” ont tendance à s’éclipser dans un marasme légèrement brouillon tirant vers le metal. L’album s’incère ensuite dans la mouvance dream pop, avec “Silent Treatment”, mention spéciale aux guitares acoustiques : c’est le gant de velours qui adoucit le fer des coups de poings. Par la suite, “The Leopard & The Hung” attire avec une introduction au piano rythmé et teinté de romantisme avant de lâcher les chiens de l’enfer wagnérien. Mais l’intention première, consiste à submerger avec fracas, nettoyant ainsi les conduits auditifs, pour cela, les guitares font pleinement leur travail. “The Turnaround” termine admirablement le disque, avec ses envolées lyriques de chœurs, une rythmique sortie tout droit de la fanfare militaire et un violon tiré des films guimauves des années 90, un mélange détonnant qui remonte et redescend au gré de la guitare pendant plus de neuf minutes.

Les chansons se parlent les unes aux autres, elle interagissent et tirent l’auditeur le long d’une puissante houle. Avec ses couplets épiques, sa structure complexe empruntée à la musique classique, ses riffs heavy metal et ses accalmies hypnotisantes, The Joy Formidable réussit à transformer l’essai. “Wolf’s Law” s’inscrit dans un univers mélancolique et mélodique d’une grande finesse, il sublime un sentiment de grandeur liée à la désillusion amoureuse, au stress et à la solitude. Cependant, certains titres doivent être sérieusement robuste pour supporter les avalanches de guitares qui enterrent l’esthétique de l’oeuvre, dirigée d’une main de maître par Ritzy Bryan. Tympans (trop) sensibles s’abstenir.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 21/01/2013
Site web : www.thejoyformidable.com

Notre sélection

  • Little Bimp
  • Silent Treatment
  • The Turnaround

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album