Après une attente de sept ans, ponctuée tout de même d’une compilation de faces B, Little Bastards (2020), pour apaiser notre impatience, The Kills revient sur le devant de la scène avec son nouvel album God Games. Ce dernier-né s’inscrit dans la continuité du précédent disque, Ash & Ice (2016), où le duo avait déjà amorcé un tournant dans sa carrière en abandonnant le désordre rock qui l’avait rendu célèbre au profit de sonorités plus électroniques, ouvrant ainsi de nouvelles voies exploratoires. Le virage musical s’explique à l’origine par une blessure au doigt prolongée du guitariste Jamie Hince, l’empêchant de déployer toute sa virtuosité avec son instrument. Contraints de s’adapter, Alison Mosshart et son acolyte ont su transformer cette contrainte en opportunité.
Trop expérimental ?
God Games démarre avec “New York”, un titre qui sonne un peu comme du déjà-vu dans la discographie de The Kills mais qui est tout de même assez fort pour une ouverture de disque. L’enthousiasme redescend rapidement à l’écoute de “Going To Heaven” qui reste une des déceptions de cet ensemble. On vous prévient, God Games est parsemé de titres “à part” tels que “Going To Heaven”. La composition se traîne, avec beaucoup de distorsions dans la voix de Mosshart ainsi que les instruments (guitare et électroniques) qui donnent un ensemble assez brouillon. Heureusement, “LA Hex” prend le relais et réussit à instaurer une atmosphère presque de flottement, très agréable. Cette ambiance se transforme peu à peu en une performance de gospel final terminant ainsi le morceau en apothéose.
God Games demeure globalement dans cette lignée musicale, capitalisant sur le groove envoûtant de la voix de Mosshart en instaurant une ambiance feutrée, ponctuée de rares mais éclatants reliefs d’énergie, qui mettent en avant le jeu de Hince, notamment sur “103”. Cependant, malgré ses moments de brillance, l’album peine parfois à décoller, enchaînant les titres sans toujours trouver une direction claire. “Wasterpiece” qui arrive en milieu d’écoute a des airs de titre pop très mélodieux et assez répétitif. Contrairement à “Kingdom Come” qui prend la suite, qui est d’une puissance telle et redonne une couleur rock à l’ensemble. “Bullet Sound” qui se trouve en toute fin d’album fait partie de ces compositions qui rayonnent, tandis que le rock mélancolique de “Better Days”, qui clôture l’ensemble, rappelle terriblement un “Days Of Why And How” de son prédécesseur Ash & Ice.
Un ensemble en demi-teinte
Le talent musical du duo est indéniable, mais God Games semble manquer par moments de cette folie qui caractérise The Kills. Néanmoins, la symbiose entre Alison Mosshart et Jamie Hince demeure intacte, préservant l’authenticité et la cohésion qui font la force de la formation.
Finalement, même si The Kills semble parfois ralentir le rythme qui avait marqué son succès au début des années 2000, God Games marque une nouvelle étape plus introspective dans l’évolution du duo américano-britannique.
Informations
Label : Domino Records
Date de sortie : 27/10/2023
Site web : thekills.tv
Notre sélection
- LA Hex
- Kingdom Come
- Bullet Sound
Note RUL
3/5