Alors que les vacances se terminent, et que les hématomes de festival commencent à disparaître, il est grand temps de se pencher sur les groupes qui préparent la rentrée. Prenons par exemple les frères D’Addario, qui ne se laissent pas compter par leur jeune âge en bousculant une nouvelle fois les sorties avec un nouvel album. Après un “Do Hollywood” (2016) d’excellente facture qui redore le blason du rock teinté de pop, nous trouvons dans les bacs “Go To School”, un concept album au titre opportun.
Pas le temps d’admirer la pochette qui aborde pourtant l’intrigue de ce qui se révèle être un opéra rock que les arrangements baroques posés sur des riffs clinquants surgissent. “Never In My Arms, Always In My Heart” pose les bases, il ne s’agit pas de singer (sans mauvais jeu de mots) les maîtres de The Who à David Bowie, mais d’être le plus généreux possible en partageant une expérience personnelle.
L’histoire de Shane, chimpanzé confronté aux absurdités du système scolaire et aux angoisses juvéniles, est un parallèle avec les premières anxiétés des deux auteurs. Champ lexical scolaire omniprésent, et langage enfantin des émotions à l’honneur, l’auditeur se retrouve confronté à lui-même, entre moment de nostalgie et autres sentiments de détresse pour un gosse, comme pour un adulte si on y réfléchit bien.
Brian et Michael ne tombent pas dans le piège, il est avant tout question de musique. Du côté des mélodies, il suffit de fermer les yeux pour croire à l’alchimie entre Elton John et Bernie Taupin sur un morceau comme “Lonely”, ou encore l’introduction de “Never Know” qui rappelle celle de “Your Starter For… “. La construction en moins d’une heure autour des seize titres n’a rien à envier à d’autres monuments, bien au contraire. Cet aspect non monolithique flirte avec la cohérence du tout, et la légèreté des propos “Your life’s only good as love, if you give enough”, rendant l’ensemble plus ensoleillé que le ciel présent sur la pochette. L’identité sonore orientée vers les années 70 ancre plus cet album près de l’œuvre de Roger Glover avec “The Butterfly Ball And The Grasshopper’s Feast” (1974) que de celle de Pink Floyd avec “The Wall” (1979), malgré des thèmes en commun.
C’est dans le home studio de Long Island construit par leur père que la magie opère en illustrant ce propos. Le pont de “The Bully”, est empreint de couleurs alors que les paroles suivantes résonnent de la bouche du père de la brute : “Do you wanna know why your mother died ? When you were born, she couldn’t bear to raise a boy like you”. Les harmonies sont domptées pour donner la fulgurance que représente la totalité de ce second opus. Des invités de marque posent discrètement une pierre à l’édifice, à l’instar de Todd Rundgren, du batteur de Big Star, Jody Stephens, et de la mère du duo qui se prête au jeu pour boucler la boucle.
Se frayant une place à travers les meilleures productions de l’année, “Go To School” prend aux tripes. Constituant un nouveau refuge pour tous ceux qui ont été, ou qui sont toujours victime de discrimination, ce disque mériterait bien d’être au moins mentionné en classe.
Informations
Label : 4AD
Date de sortie : 24/08/2018
Site web : www.thelemontwigs.com
Notre sélection
- Never In My Arms, Always In My Heart
- Lonely
- Never Know
Note RUL
4.5/5