The Letter Black – Rebuild

C’est trois longues années après la sortie de leur premier album que The Letter Black sortent enfin son successeur, “Rebuild” via le label Tooth & Nail Records, label de toutes les sorties du groupe depuis 2010. La formation a connu un franc succès aux États-Unis avec son premier effort studio “Hanging On By A Thread” (2010), s’imposant comme un groupe prometteur dans la vague alternative/post grunge actuelle, dans la veine de Fireflight, Flyleaf ou The Material.

Première impression : l’approche visuelle. L’artwork reste dans l’idée de celui de son prédécesseur, avec une composition identique (image centrale, ici un cœur mécanique) et le logo de TLB au-dessus. Pas de surprise de ce côté. L’opus s’ouvre sur “Sick Charade” et son intro heavy, qui rappelle le gros son rock moderne à la frontière du metal type Evanescence. Une entrée en matière discutable et moyennement pertinente qui laisse place à “Break Out”, un second titre nettement plus original quant au style habituel du groupe. L’apparition de samples évoque déjà l’innovation, le son choisi pour la guitare rapproche The Letter Black d’un son metal/hardcore, le scream au deuxième plan viendra le confirmer et rappeler les disques post hardcore très en vogue depuis une dizaine d’années. Le quartette américain mêle à la perfection ces nouvelles influences avec son habituel post grunge alternatif et il en ressort un produit fini tout à fait crédible. Le single “Pain Killer” a été choisi comme hymne de ce second album avec ses paroles efficaces : “I’m killing pain in the name of love, I’m fearless of what you can do to me”. The Letter Black calme les choses avec “Found”, la première ballade mélodique qu’on pourrait rapprocher de “There’ll Come A Day” sur “Hanging On By A Thread”. Contre toute attente, les morceaux les plus catchy et les plus entêtants ne sont pas les singles. “Up From The Ashes” et son refrain accrocheur en fait partie. Les deux voix des époux Sarah et Mark Anthony se marient à merveille, particulièrement sur ce titre où le mélange se fait discret et d’autant plus efficace. Pour les sceptiques en quête des hits qui avaient fait le charme du premier album, voilà déjà “Outside Looking In”, titre sur lequel la mélodie est basée sur un duo piano/basse habilement mixé et envoie ce dernier dans la catégorie des ballades avec “Found” – choix artistique judicieux de la part du groupe, puisqu’ils le font très bien. L’éponyme “Rebuild” offre des harmonies vocales surprenantes au milieu d’un ensemble instrumental volontairement dissonant. Une piste grungy/stoner, curieux choix pour le nom de la galette, mais pourquoi pas après tout. Sur “Smothering Walls”, le groupe sert un solo old school presque southern rock, atypique de la structure habituelle de leurs morceaux, intéressante prise de risques. L’intro en arpèges graves et la guitare clean omniprésente de “Shattered” rappellent des groupes comme 12 Stones. Les voix de Sarah et Mark se relaient pour chanter à tour de rôle des paroles universelles, du déjà-vu qui aura l’avantage de toucher à coup sûr une large majorité d’auditeurs (“you left me shattered but I’m so over it, I’ll put back the pieces just to see if they still fit”). “Devil On Your Back” est une composition sans grand intérêt, du scream superflu et un manque de mélodie. Le titre ressemble à un titre-test qui n’a pas grand-chose à faire sur l’album. L’ensemble se clôt sur “Branded” (et il était temps), moyennement intéressant, du déjà-fait moins bien fait.

Le son du groupe est resté sensiblement le même, avec ce rock US heavy teinté de sonorités guitares acoustiques discrètes qui donnent une nuance résolument pop à une bonne moitié des morceaux. Le charisme de la chanteuse Sara Anthony et sa maturité vocale sont à placer au premier rang des atouts du groupe. Les riffs gras sur deux cordes, trois maximum, sont toujours au rendez-vous (“Up From The Ashes”, “Sick Charade”, “Smothering Walls”…) et l’ensemble rock mélodique est resté proche de l’esprit du groupe. The Letter Black évite le classique changement drastique de son sur son deuxième album et reste fidèle à son identité, déjà forgée sur “Hanging On By A Thread”, pour le plaisir des fans de la première heure.